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David Mourey

  • : Démocratie Economie et Société
  • : David MOUREY Professeur d'Economie Auteurs de nombreux ouvrages d'économie chez De Boeck Fondateur des « Rencontres économiques » depuis 2005.« Rencontres économiques lycéennes » et « Rencontres économiques citoyennes »à Pontault-Combault depuis 2005 ! Fondateur des« Rencontres économiques » à Paris depuis 2008 !
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Le Livre de la Semaine

 

 

Texte Libre

 

9 décembre 2007 7 09 /12 /décembre /2007 08:47
 
L’écart persistant de croissance entre les Etats-Unis et les pays de la zone euro suscite la curiosité des économistes depuis au moins la fin des années 1990.
 
Progrès technique ou démographie ?
 
L’explication la plus répandue repose sur le constat d’un important retard technologique se traduisant par de moindres gains de productivité. Un autre argument, d’ordre démographique est avancé parMichel GODET, professeur au CNAM qui sera mon prochain invité dans le cadre des conférences pédagogiques à destination des élèves de terminale ES et de première ES des lycées de Pontault-Combault, Roissy-en-Brie et Ozoir-La-Ferrière. Selon Michel GODET, ce serait moins une retard technologique qu’un gap démographique qui contraindrait la croissance effective et la croissance potentielle de nos économies. Je ne vais pas m’étendre ici sur ces deux thèses. J’y reviendrai dans les jours qui viennent.
 
De la nature de la croissance économique
 
Je souhaite me concentrer davantage sur une typologie de la croissance proposée par l’historien des techniques Joël MOKYR dans son livre « The Lever of Riches », publié en 1992. Dans un article publié par le journal « Le Monde », le 10 septembre 2002, Daniel COHEN, qui est intervenu à Pontault-Combault le 15 mai 2006, s’interroge sur les causes profondes qui permettraient d’expliquer « Le déclin de l'Europe ? »
 
En 2002, et déjà au cours des années précédentes, il existait un consensus autour de l’argument selon lequel ce serait l’essor et la diffusion des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) produites et développées aux Etats-Unis qui expliquerait les retards effectifs et potentiels de la croissance européenne. Ceci permet de comprendre la nature et le contenu de la stratégie de Lisbonne adoptée en 2000 dont la célèbre formule est rappelée en fin de texte.
 
Observateur minutieux des évolutions du taux de croissance et de la croissance elle-même, Daniel COHEN y voyait davantage « une différence de nature entre la croissance européenne et la croissance américaine. » S’appuyant sur une distinction proposée par Joël MOKYR, il en concluait que « la croissance européenne est mue par une logique « smithienne », du nom d'Adam Smith, l'auteur célèbre de « La Richesse des nations », tandis que la croissance américaine est mue par une logique «schumpetérienne», du nom de l'économiste austro-américain Joseph Schumpeter. »
 
De la « croissance smithienne »
 
Dans une logique «smithienne», la croissance d’une économie donnée, et la prospérité qui en découle, dépend étroitement de la taille de ses marchés.  Simultanément, la taille de ses marchés est liée à la division du travail.
 
De la division technique du travail …
 
La division technique du travail est une forme d’organisation du travail. Selon Adam SMITH, la division technique du travail est une division intra entreprise. Elle correspond à une répartition des tâches dans une entreprise entre des individus ou des groupes d’individus spécialisés dans des activités complémentaires. Il y a spécialisation, décomposition des tâches en éléments simples. La division technique du travail est donc d’abord un phénomène micro économique et micro social.
 
Selon le père de l’économie politique classique, les causes de l’essor de la division technique du travail sont à chercher du côté de la faiblesse de la productivité des travailleurs dans le cadre de l’ancienne organisation du travail, celle de l’artisanat, caractérisée par une mauvaise combinaison des facteurs de production.
 
Mais c’est en raison également de la « tendance naturelle à échanger » des hommes (et des femmes) que la division du travail se propage dans l’économie et la société.
 
PourAdam SMITH,  la division technique du travail se traduit de manière générale par une meilleure combinaison des facteurs de production. La division du travail en opérations élémentaires permet d’accroître considérablement la productivité des travailleurs pour les trois raisons suivantes avancées par SMITH lui-même : l’habilité des ouvriers augmente avec la décomposition et la répétition des taches,  la division du travail réduit les pertes de temps, la capacité accrue des travailleurs pour améliorer les machines qu’ils uilisent.
 
Ainsi, la division technique du travail permet d’obtenir des gains de productivité très élevés. Elle constitue un facteur puissant de croissance économique. Non seulement, elle permet une augmentation de la productivité du travail, mais elle favorise aussi une baisse des dépenses en salaire puisque le travail peu qualifié est privilégié. In fine, la division technique du travail favorise l’émergence de la croissance et donc l’élévation du niveau de la richesse nationale.
 
… à la division sociale du travail
 
Si Adam SMITH aborde explicitement la division technique du travail, en la nommant ainsi, on peut voir apparaître à la lecture de son ouvrage une autre forme de division du travail, la « division sociale du travail ».Chez Adam SMITH, cette division sociale du travail se situe au niveau de la société toute entière. C’est donc un phénomène macro-économique ou macro-social. La division sociale du travail correspond à une division des tâches entre entreprises et entre groupes sociaux.
Par exemple, la division de la société française en classes sociales (classe ouvrière, classe paysanne, bourgeoisie) implique des fonctions économiques et sociales différentes mais complémentaires. De manière analogue, la Société d’Ordre de l’Ancien régime se traduit par une division de la société et des fonctions sociales en trois Ordres que sont la Noblesse, le Clergé et le Tiers-état, ou encore, ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent. 
 
La division sociale du travail  est fondamentalement liée à l’échange, au marché et donc à la main invisible. Les hommes ayant un penchant naturel à échanger afin de satisfaire leurs besoins. Cela favorise les spécialisations dans des productions différentes. La division sociale du travail  est une division inter-entreprises, entre savants, ingénieurs, ouvriers, …
 
Chez SMITH, la cause majeure de l’essor de la division sociale du travail est donc à chercher du côté dubesoin d’échanger (propension naturelle). L’économie de marché, par le biais de la main invisible, permettra de répondre avec efficacité à cette exigence.  Cette division sociale du travail implique une concurrence accrue,  la nécessité de réaliser des économies d’échelle afin de pouvoir baisser les prix unitaires…..
 
De la complémentarité entre division technique
et division sociale du travail
 
A ce point du raisonnement, on peut observer que ces deux formes de division du travail, division technique du travail et division sociale du travail,  sont en interaction. En effet, la spécialisation, au sens de la division sociale du travail, s’accompagne pour chacun de la possibilité et de la nécessité d’échanger le surplus de sa production sur sa propre consommation. La spécialisation génère des gains de productivité d’autant plus élevés que la division technique du travail  est importante. Ces gains de productivité tirent les coûts unitaires de production vers le bas. Les prix peuvent donc diminuer à leur tour, ce qui est favorable au pouvoir d’achat, et de facto à l’échange.
 
Division technique du travail et division sociale du travail combinent donc leurs effets de manière vertueuse pour faciliter les échanges. De surcroît, des économies d’échelle - réduction des coûts unitaires de production par étalement des coûts fixes sur une plus grande quantité produite - peuvent accentuer le processus de baisse des prix quand la taille du marché augmente. Autrement dit, la combinaison division technique du travail et division sociale du travail provoque l’occurrence de rendements d’échelle croissants, en vertu desquels la quantité produite croit plus rapidement que la quantité de facteurs de production utilisés. Ce que rapporte la quantité produite augmente plus vite que ce que cette production coûte.
 
On en déduit, que la division du travail, au sens de la combinaison des deux formes de division du travail présentées, s’accompagne ipso facto d’un accroissement de la taille du marché et qu’en retour, la taille accrue de ce marché augmente et circonscrit les effets de la division du travail.
 
Division du travail et étendue du marché
 
Pour SMITH l’étendue du marché, si elle trop faible, peut être une contrainte forte pour la division du travail. En effet, plus le marché est grand, étendu, plus la demande potentielle est élevée et plus la capacité d’un agent économique à échanger le surplus de sa production sur sa propre consommation progresse. La division du travail devient favorable. A contrario, plus le marché est petit, réduit, plus la demande potentielle est faible et plus la capacité d’un agent économique à échanger le surplus de sa production sur sa propre consommation régresse …
 
Division internationale du travail, étendue du marché
et croissance économique
 
Dans un tel cadre de raisonnement, l’internationalisation des échanges par le biais de la mondialisation, de l’intégration régionale et/ou de la régionalisation, est un moyen d’agrandir la taille du marché. La demande potentielle et échangeable est plus importante. On en déduit clairement que la quantité demandée apparaît comme une limite à l’écoulement de la quantité offerte. L’offre ne crée donc pas, de facto, sa propre demande ainsi que le suggère la loi de Say. Mais grâce aux effets vertueux de la combinaison division technique du travail et division sociale du travail, quantités offertes et demandées  ont toutes les chances de coïncider car les gains de productivité, en se traduisant par une baisse des coûts unitaires de production, des prix de vente, et une hausse des salaires, améliorent la capacité à échanger.
 
Dans ce type d’économie, ou la taille des marchés augmente, c’est par l’intermédiaire du mécanisme « magique » de la main invisible que cette quantité accrue de biens à échanger va pouvoir s’échanger effectivement.
 
Division du travail, échange et main invisible
 
PourAdam SMITH « Chaque individu s’efforce d’utiliser son capital de telle manière que la valeur de son rendement soit le plus grand possible. Généralement, il n’a plus du tout l’intention de promouvoir l’intérêt public, pas plus qu’il n’a d’idée de la mesure dans laquelle il est en train d’y contribuer. Ses seuls objectifs sont sa propre sécurité et son gain personnel. Et dans cette affaire, il est conduit par une main invisible à poursuivre une fin, ce dont il n’avait absolument pas l’intention. Il arrive fréquemment, qu’en recherchant son intérêt propre, il favorise beaucoup plus celui de la société que lorsqu’il a réellement l’intention de le promouvoir. »
Adam SMITH, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776
 
La main invisible désigne le mécanisme par lequel dans une économie de marché les décisions individuelles (« égoïstes », ici) et décentralisées conduisent, sans que personne ne l’ait recherché, à la réalisation de l’intérêt général. Dans l’échange, chacun cherche d’abord à satisfaire ses propres besoins. Sans le vouloir, chacun participe néanmoins à la satisfaction des besoins des autres. Quand l’égoïsme rationnel conduit à l’altruisme et donc au « bonheur » collectif…
 
On observe qu’à la lumière de la métaphore de la main invisible, le marché apparaît comme une entité désincarnée permettant de faire coïncider la somme des intérêts individuels avec l’intérêt collectif. Dans une économie de marché, aucun individu, ou aucune organisation n’est tenu de résoudre le problème de la convergence entre des intérêts qui pourraient être divergents. Et dans une telle économie, chacun a d’autant plus de chances d’échanger qu’il est spécialisé, du fait de l’approfondissement de la division du travail.
 
En résumé, selon les thèses développées par Adam Smith, on peut mettre en évidence une cercle vertueux entre accroissement de l’étendue du marché et approfondissement de la division du travail, ou des spécialisations intra et inter entreprises. Non seulement, un grand marché favorise une division du travail efficace entre les personnes, entre les entreprises, mais il se traduit également par une division du travail accrue au sein des entreprises, la division technique du travail. Cet ensemble vertueux d’interactions favorise donc la croissance de la production, de la demande, de l’échange, donc la croissance économique.
 
Le marché, la division du travail et la croissance européenne
 
Pour Daniel COHEN, par analogie avec le raisonnement de SMITH, ce serait davantage aujourd’hui d’une division sociale du travail au sens des spécialisations entre les régions d'une même économie, qui serait source de prospérité. L'Europe s’inscrirait clairement dans cette logique. « Le grand marché européen favorise les regroupements, rationalise les tâches à l'échelle du continent. » La taille accrue du marché intérieur viendrait alimenter des rendements d’échelle croissant sources d’économies d’échelles…
 
Il est donc possible, pour une grande économie comme celle de l’Europe, de parvenir à un taux de croissance plus élevé en adoptant une stratégie de type smithienne, dans le cadre de laquelle plus le marché est grand et profond, et plus la prospérité peut se diffuser à l’ensemble de l’économie.
 
Mais, si cette stratégie de croissance est efficace transitoirement, il semblerait qu’elle vienne inévitablement buter sur une frontière des possibilités de production, étant donné que l’économie ne disposerait pas et ne développerait pas les moyens de repousser sa frontière technologique, source d’une croissance potentielle et effective plus élevée et plus durable.
 
De la « croissance schumpetérienne »
 
Une croissance de nature schumpetérienne serait alors la réponse adaptée aux limites inhérentes à une croissance de nature smithienne. La croissance «schumpetérienne» est une croissance fondée sur l’innovation. Sans entrepreneur innovateur, il n’y a pas d’innovation et sans innovation, l’économie est stationnaire. La dynamique de l’économie repose sur le dynamisme de l’innovation selon Joseph SCHUMPETER.
 
A la différence des néoclassiques dont l’analyse est statique et repose sur le modèle d'équilibre général et la concurrence pure et parfaite,Joseph SCHUMPETER analyse la dynamique du capitalisme comme un système dans le quel les firmes sont en concurrence pour dominer les marchés. Cette domination est à la fois autorisée temporairement, mais elle est aussi perpétuellement sous la menace de l'innovation  des concurrents effectifs et ou potentiels. Le marché doit être contestable ou discutable au sens ou, dans la mesure ou la concurrence n’y est pas effective, elle y est au moins potentielle en vertu du respect de la condition de libre entrée sur le marché considéré d’un nouveau concurrent.
 
Joseph SCHUMPETER est le premier économiste majeur à avoir centré son analyse sur la croissance économique et ses causes. La principale étant l’innovation. Il a mis le « progrès industriel »  au cœur du changement économique et social : «  L'impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d'organisation industrielle - tous éléments créés par l'initiative capitaliste »..
 
De l’entrepreneur innovateur aux entrepreneurs-imitateurs
 
L'analyse schumpéterienne de la croissance ne repose pas seulement, sur le processus d’innovation qui est un processus de destruction créatrice. SCHUMPETER insiste sur le rôle clé de l’entrepreneur. C’est lui qui prend le risque de lancer un nouveau produit ou une nouvelle façon de produire, et ce n’est que dans le cadre d’une structure de concurrence temporairement monopolistique qu’il peut réussir son pari. L'entrepreneur shumpeterien est un personnage hors du commun doté de qualités exceptionnelles et dont l'action risquée permet l’innovation et son cortège de conséquences vertueuses.
 
SCHUMPETER distingue deux catégories d'entrepreneurs. Il y a d’une part l'entrepreneur-innovateur qui va prendre les plus gros risques en introduisant l'innovation. C'est lui qui réalisera le plus de profits, s’il réussit. Il y a d’autre part, les entrepreneurs-imitateurs qui sont attirés par le profit du premier et qui vont suivre la voie tracée par l'innovation d’origine.
 
Du rôle des grappes d’innovation
 
SCHUMPETER précise que les innovations arrivent par grappes et se diffusent dans ces conditions dans l’ensemble de l’économie. Les entrepreneurs innovateurs et imitateurs arrivent en groupes. Cette diffusion provoque des variations cycliques de l’activité économique. Ce processus de diffusion des effets vertueux de l’innovation n’est possible que dans la mesure ou un effet de synergie permet aux innovations majeures d’entraîner dans leur sillage un ensemble d’innovations mineures. Il doit y avoir une véritable rupture technologique avec le processus de production précédent et/ou le produit précédent pour que la première vague d’innovation soit suivie d’une seconde vague, puis d’une suivante, …
 
Le capitalisme est dynamique parce qu'il prend appui sur une classe sociale - la bourgeoisie, la classe des entrepreneurs – lesquels attirés par l'importance de la récompense potentielle vont être capables de prendre de gros risques. Le risque de gagner gros s’accompagnant automatiquement de celui de perdre gros. Ce sont ces entrepreneurs, parieurs et joueurs, qui renouvellent profondément et régulièrement les processus de production, créent de nouveaux produits et menacent les situations acquises du type rente de monopole. Le capitalisme est donc propice à une dynamique qui est à l'origine de la croissance économique : «  Le rôle de l'entrepreneur consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production en exploitant une invention ou, plus généralement, une possibilité technique inédite ». Autrement dit, le progrès dans les économies industrielles est porté par des innovateurs qui cherchent à gagner le gros lot.
 
 
La motivation individuelle aiguisée par le gain possible
et le rôle du crédit
 
«  Des gains impressionnants, beaucoup plus élevés qu'il n'aurait été nécessaire pour provoquer tel ou tel effort spécifique, sont jetés en pâture à une faible minorité de gagnants et, du même coup, impriment une impulsion beaucoup plus puissante que ne l'aurait fait une répartition plus égalitaire et plus "juste" à l'activité de la grande majorité des hommes d'affaires qui, en retour de leurs initiatives, ne reçoivent qu'une rémunération très modeste, sinon rien ou moins que rien, mais qui néanmoins s'évertuent au maximum parce qu'ils ont les yeux constamment fixés sur les gros lots et surestiment leurs chances de réussir aussi bien que les gros gagnants. De même, les sanctions du système sont dirigées contre l'incompétence. Mais, bien que les hommes non qualifiés et les méthodes désuètes soient effectivement éliminés (...), la faillite menace également ou même engloutit plus d'un homme capable et, par suite, ce risque immanent tient en haleine tous les entrepreneurs et agit, à son tour, beaucoup plus efficacement que ne le ferait un système à pénalités plus égalitaire et plus "juste » Joseph SCHUMPETER
 
La motivation individuelle est primordiale, et c’est bien le gain espéré qui génère l'innovation. Mais l'entrepreneur doit pouvoir emprunter car il ne dispose pas de ressources financières suffisantes à la prise de risque initiale. Dès lors que l’épargne accumulée est insuffisante, la création monétaire par le biais du crédit est nécessaire. Ce constat, ancien, nous rappelle la bulle technologique de la fin des années 90 et du début des années 2000 dot le gonflement a été alimenté par le crédit facile, en raison d’une politique monétaire excessivement expansionniste, sans oublier les comportements « exubérants et irrationnels » des acteurs des marchés.
 
Mais d’où vient l’innovation monsieur SCHUMPETER ?
 
La principale faille à l’analyse du processus d’innovation proposée par SCHUMPETER réside dans l’absence d’explications sur les origines des grandes vagues d’innovation qui rythment les cycles économiques. Où les innovateurs vont-ils puiser leurs idées afin d’innover ? Schumpeter explique le processus de diffusion de l’innovation mais n’explique en rien l’origine du processus. 
 
La croissance européenne et la stratégie de Lisbonne
 
La croissance «schumpetérienne», assise sur l’innovation, fut longtemps à la base de la croissance européenne. Désormais, c’est la croissance américaine qui est portée par l’innovation. Pour autant, la nature de la croissance peut changer dans le temps, donc rien n’est définitif. En outre, on peut mettre en évidence des effets de synergie entre croissance «schumpetérienne» et croissance «smithienne».
 
La croissance de type schumpetérienne, on le comprend, n’a pas de limite. Sauf à considérer que l’imagination, l’inventivité, la capacité à prendre des risques économiques est limitée. Mais comme tel ne semble pas être le cas, l’avenir de la croissance (les perspectives d’une croissance soutenue et durable) ne peut résider que dans la recherche et la mise en œuvre d’un processus d’innovation très dynamique, porté par la recherche-développement (RD).
 
On comprend mieux les objectifs que se sont assignés les pays européens à Lisbonne en 2000.
 
« Devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale », « dans le respect de l’environnement ». L’objectif environnemental a été ajouté en juin 2001 au Conseil européen de Göteborg.La « stratégie de Lisbonne »ayant été adoptée au Conseil européen du même nom les 21 et 22 mars 2000.
 
Comment ne pas souscrire à une stratégie économique, sociale et environnementale visant à assurer simultanément la croissance, la productivité, la cohésion sociale et le développement durable ? La stratégie de Lisbonne se présente comme la réalisation d’une utopie contemporaine, celle de la fin des arbitrages politiques entre économie, social et environnementale. Malheureusement, ces arbitrages ont la vie dure et nous en apercevons en observant nos résultats relativement aux objectifs 7 ans plus tard.
 
La question qui se trouve posée au cœur de cette stratégie est bien celle de sa cohérence. La stratégie de Lisbonne rencontre un double problème de cohérence. Un problème de cohérence entre les différents objectifs à atteindre et un problème de cohérence entre les objectifs fixés et les moyens déployés. « Sans cette double cohérence, « Lisbonne » n’est au mieux qu’un vœu pieux, au pire le discours un peu ampoulé qui sert à légitimer les « réformes structurelles » sociales dont les peuples d’Europe ont bien du mal à apprécier la nécessité. » Il ne suffit pas d’avoir des objectifs et de les clamer haut et fort, encore faut-il se donner les moyens adéquats pour les atteindre.
 
De la complémentarité des formes de la croissance économique
 
La prise de conscience des limites inhérentes à la « croissance smithienne » et des avantages à long terme de la « croissance schumpetérienne », ne peut nous conduire à renoncer à tout projet d’essor basé sur une croissance de type smithienne quand les conditions de celle-ci sont réunies. De surcroît, « Rien n'empêche en théorie de combiner les bénéfices d'une croissance «smithienne» et d'une croissance «schumpetérienne». Ce n'est pourtant pas la même chose d'utiliser des techniques existantes et d'en rationaliser l'usage sur le territoire le plus vaste possible et de chercher à innover sur un marché donné. » Selon MOKYR, nous rappelle Daniel COHEN, la croissance « smithienne » peu fondée sur l’inventivité, l’innovation,  s'essouffle et le déclin est inévitable. En revanche, la croissance « schumpetérienne » portée par l’innovation est constamment relancée par de nouvelles grappes d’innovation.
 
Aujourd’hui n’est pas le reflet d’hier et
ne préfigure pas forcément le futur
 
Si on observe l’histoire de l'Europe du XIXe siècle et du début de XXe siècle, on ne peut en conclure que l’Europe est  culturellement moins innovante que les Etats-Unis. « L'Europe était «schumpetérienne» au XIXe siècle : on lui doit la machine à vapeur et le moteur à explosion. C'est l'Amérique qui était alors «smithienne», préoccupée d'abord par la création de son marché intérieur. »
 
Sur la croissance chinoise de ce début de 21ème siècle
 
Dans le cadre de la distinction proposée par Joël MOKYR, la croissance chinoise serait plutôt de nature smithienne dans la mesure ou l’imitation, l’agrandissement de la taille du marché et le rôle des facteurs quantitatifs priment sur la capacité d’innovation. On en déduit que la croissance chinoise ne restera soutenue durablement que dans l’hypothèse ou elle transiterait vers une croissance de nature schumpetérienne, portée par le progrès technique et les innovations de manière générale.
 
Affaires à suivre donc…
 
 
A consulter :
 
 
«LA STRATÉGIE DE LISBONNE» ENGLUÉE DANS LA TACTIQUE DE BRUXELLES, Lettre de l’OFCE n° 259 Mercredi 23 mars 2005 
 
 
 
 
La crise des subprimes  et ses ricochets sur le système bancaire mondial ont jeté un froid sur les perspectives de croissance...
 
 
 
 
 
 
Laurence Boone 10 Septembre 2007
A comme acteurs, B comme banques centrales, C comme crise et contagion : tenants et aboutissants de la crise du subprime.
 
 
 
 
 
Le Monde, Débat avec Jean Paul Fitoussi,  président de l'OFCE,  mardi 11 septembre 2007 à 15 h00.
 
 
 
 
 
 
19 novembre 2007 1 19 /11 /novembre /2007 10:58
 
En matière de changement climatique le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) vient de confirmer l'ampleur du risque prévisible avec la publication du rapport « GEO 4 » (rapport de près de 3 000 pages) du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). A Valence, en Espagne, un « Résumé » du rapport a été rédigé à l'intention des décideurs. Cette synthèse sera, jusqu’en 2012, le document de référence sur le changement climatique à l'usage des gouvernements et des institutions internationales.
 
Les principales conclusions du rapport peuvent être classées selon trois axes :
 
- l’état des connaissances sur le changement climatique et sur ses causes
- l’impact sur les sociétés et sur l'environnement
- les moyens à mettre en oeuvre pour limiter ou contrecarrer le phénomène.
 
Le réchauffement climatique est indiscutable
 
Pour le GIEC, le réchauffement du système climatique est sans équivoque.
 
« Onze des douze dernières années (1995-2006) figurent parmi les douze années les plus chaudes enregistrées depuis les premières mesures instrumentales, au début du XXe siècle. Cette tendance est cohérente avec d'autres observations, en particulier le recul des glaciers, la réduction de la banquise et l'augmentation du niveau des mers. Quant aux prévisions pour 2100, elles sont également rappelées dans le document : augmentation de la température moyenne terrestre comprise entre 1,1 °C et 6,4 °C, et élévation du niveau des océans (entre 18 cm et 59 cm). »   « Vagues de chaleur et fortes précipitations deviendront plus fréquentes et les cyclones tropicaux, typhons et ouragans, plus intenses. »
 
Des critiques récurrentes de la part des sceptiques
 
Les conclusions du GIEC sont, de manière récurrente, remises en question par ceux qui pensent que le réchauffement climatique n’est pas le résultat certain de l’activité humaine.
 
En outre, les conclusions du GIEC sont désormais l’objet de critiques au sein de la communauté des spécialistes du changement climatique qui pensent que les observations scientifiques doivent conduire à des conclusions plus noires encore que celles avancées par le groupe d’expert de l’ONU.
 
D'autres critiques récentes, plus pessimistes,
et plus alarmistes, encore
 
« Des travaux très récents montrent ainsi que la capacité des océans à absorber le dioxyde de carbone (CO2) se réduit, que la concentration atmosphérique de ce gaz à effet de serre augmente plus vite que prévu, que la banquise se réduit plus rapidement qu'escompté. Autant d'éléments importants que le "Résumé" qui doit être rendu le 17 novembre va, sciemment et nécessairement, ignorer. »
 
Les conséquences du changement climatique
pourraient être irréversibles 
 
« Le changement climatique anthropique [d'origine humaine] et ses conséquences pourraient être soudains ou irréversibles ».
 
A cette affirmation, certains opposent le point de vue selon lequel l’expression « irréversible » ne correspond à aucune définition scientifique …
 
Développement durable
 
En fait, la question du réchauffement climatique nous conduit à nous interroger sur l’origine éventuellement humaine de ce réchauffement.
 
Si nous sommes responsables de ce changement majeur, alors nous pouvons en conclure que notre mode de développement, assis sur la croissance économique, n’est pas durable.
 
La notion de développement durable (ou soutenable pour certains auteurs) a été proposée par le Rapport BRUNDTLAND en 1987 (madame BRUNDTLAND était Premier ministre de la Norvège) intitulé «  Notre avenir à tous ».
 
« Le développement durable est un développement qui permet aux générations présentes de satisfaire leurs besoins sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs propres besoins. »
 
Le développement durable est donc un développement qui permet de répondre aux besoins du présent sans compromettre la satisfaction des besoins du futur. Il implique une forme de solidarité entre les générations. Si nous aimons nos enfants et nos petits enfants, autant que nous le crions haut et fort, il ne devrait pas être difficile de faire des choix permettant de leur ménager un avenir au moins aussi favorable et parfois confortable que le présent.
 
Les analyses en termes de  développement durable  attirent notre attention sur les externalités négatives de la croissance économique et du développement qui peut en résulter. Ainsi, notre mode de développement pourrait compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. Dans cette perspective, il ne serait pas durable, il risquerait de conduire à un moindre développement humain des générations de l’avenir…
 
Les différents sommets mondiaux sur le développement durable ont permis de comprendre que « l'environnement et le développement sont étroitement liés ».
 
Une conception plus exigeante du développement durable
 
Selon AMARTYA SEN (Prix Nobel d'économie en 1998), l'économiste Robert SOLOW (Prix Nobel en 1988) a formulé de façon plus précise l'idée du développement durable en insistant sur l'obligation de laisser à la génération suivante « tout ce qu'il faut pour atteindre un niveau de vie au moins aussi bon que le nôtre et que celle-ci veille à la même chose pour la génération qui la suit ». 
       
La définition de référence issue du Rapport BRUNDTLAND  pourrait prendre la forme suivante :
 
« Le développement durable est un développement qui permet aux générations présentesde satisfaire leurs besoins, pour atteindre un niveau de vie au moins aussi favorable que celui des générations passées, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs propres besoins pour atteindre un niveau de vie au moins aussi favorable et confortable que le notre. »
 
Autrement dit, de générations en générations, on ne saurait concevoir que le progrès, au sens de l’amélioration du niveau de vie, des conditions de vie….
 
La conception du développement durable de SOLOW est beaucoup plus exigeante que la conception initiale du rapport de madame BRUNDTLAND.
 
Dans cette perspective, on peut envisager un peu différemment le débat sur le réchauffement climatique, ses causes et ses conséquences à long terme.
 
Développement durable et principe de précaution
 
Selon Philippe BONTEMS et Gilles ROTILLON, « Economie de l’environnement », « Si les problèmes environnementaux globaux ont suscité cette nouvelle problématique du développement durable en mettant l'accent sur la recherche d'une certaine forme de compatibilité entre la croissance et l'environnement, il ne faudrait pas oublier qu'ils présentent également trois caractéristiques qui ont amené à modifier considérablement les principes traditionnels de décision comme l'analyse coûts-avantages.
 
La première tient à la durée pendant laquelle ces problèmes environnementaux font sentir leurs effets, ce qui rend les prévisions quantitatives difficiles.(…).
 
La deuxième, c'est un risque d'irréversibilité potentielle. Le CO2 émis dans l'atmosphère ne peut plus être retransformé en hydrogène et/ou carbone, et si le Bangladesh a une grande partie de son territoire submergée par la montée des mers, il lui sera pratiquement impossible de retrouver son intégrité territoriale.
 
La troisième, enfin, concerne le manque de certitudes scientifiques sur les conséquences possibles de nos décisions présentes. S'il n'y a plus de doute, en cette fin de siècle, sur l'augmentation de la concentration de GES dans l'atmosphère, les avis des experts divergent quant à l'ampleur du réchauffement qui en résulte, (…).  Un tel écart peut conduire soit à justifier l'inaction, soit à rendre impératifs les changements, selon l'évaluation que l'on retient.
 
En résumé, les problèmes environnementaux globaux sont marqués par une grande incertitude sur les conséquences, associée à la possibilité que certaines d'entre elles soient catastrophiques. Cette situation a profondément modifié la perception des risques auxquels nous devons faire face, l'importance des dommages potentiels prenant le pas sur leur incertitude et exigeant que la décision « politique » précède la connaissance scientifique, à l'inverse de la chronologie habituelle où la connaissance précède l'action.
 
Les transformations induites par les problèmes d'environnement globaux (…) ont trouvé leur expression dans le droit avec le principe de précaution. ». »
 
Incertitude, risque d’irréversibilité et principe de précaution
 
« Ce principe est évoqué pour la première fois en 1972, à l'occasion de la conférence de Stockholm sur l'environnement humain, mais il n'est mis juridiquement en application qu'à l'occasion de la convention de Vienne sur la protection de la couche d'ozone, en 1985.
 
Il intègre le droit européen avec l'article 130R du traité de Maastricht de février 1992, où il est cité sans être défini, et la déclaration de Rio de juin 1992 l'adopte dans son principe 15 sous la forme suivante :
 
« [...] pour protéger l'environnement, des mesures de précaution doivent être largement appliquées par les États selon leurs capacités. En cas de risques de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte [nous soulignons] pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement. »
 
Que faire ?
 
 
En situation d’incertitude, il n’est pas simple de prendre une décision. Comme les prévisions concernant l’avenir, à long terme, sont fortement empreintes d’incertitude, que devons nous faire ? Qui devons nous croire ?
 
Pour que notre mode de développement soit durable, compte tenu des exigences rappelées par SOLOW et SEN, pour qu’il permettre de satisfaire les besoins de toutes les générations, passées, présentes et futures, tout en permettant une amélioration du sort de nos enfants, petits enfants, … devons nous renoncer à la croissance porteuse de notre mode de développement qui dure déjà depuis très longtemps ? Devons nous y renoncer en optant pour une « croissance zéro » ?
 
Devons nous suivre la voie ouverte par les tenants de la thèse de la décroissance ?
 
Ou devons nous mettre en œuvre une croissance respectueuse de l’environnement, au sens ou elle ne le dégrade plus et lui permet de surcroît de se reconstituer ?
 
Enfin, dans cette dernière hypothèse, dans quelle mesure devons nous respecter le principe de précaution énoncé ci-dessus ?
 
La commission ATTALI et le rejet du principe de précaution
 
Selon Jacques ATTALI, président de la Commission pour la libération de la croissance française (CLCF), il faut revenir sur l'adoption en 2005 de la Charte de l'environnement dans laquelle le principe de précaution avait pris place au sommet de la hiérarchie des normes, faisant obligation à l'Etat d'intervenir dès lors que « la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances scientifiques » paraît de nature à « affecter de manière grave et irréversible l'environnement »
 
En remettant ses premières conclusions, le 15 octobre, la commission Attali a demandé que le principe de précaution soit retiré de la Constitution.
 
Pour Jacques Attali, « Tel qu'il est rédigé dans la Constitution, le principe de précaution se réduit à une imprécation vague contre le progrès, dont les effets seront d'empêcher la France de rester à la pointe de la recherche, en particulier dans les domaines où l'écologie implique aujourd'hui des innovations majeures. »
 
L'argument, en soi, n'est pas nouveau, et renvoie à diverses controverses des années 2002-2005. Mais il sonne comme une provocation, au moment du Grenelle de l'environnement et au moment ou le Prix Nobel de la Paix vient d’être décerné à Al GORE et au GIEC.
 
Affaire à suivre donc, …
 
 
A consulter :
 
LE MONDE | 16 novembre 2007 | Stéphane Foucart | 471 mots
Dans la foulée de la parution du rapport "GEO 4" du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), un document décisif sur le changement climatique devait être publié, samedi 17 novembre. Dans la foulée de la parution du rapport "GEO 4" du Programme des Nations unies pour l'environnement...
 
LEMONDE.FR | 16 novembre 2007 | avec AFP | 333 mots
Les experts du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat ont adopté vendredi, à Valence (Espagne), la synthèse de leur rapport destiné aux dirigeants de la planète. Les conséquences du changement climatique risquent d'être "irréversibles", mettent en garde les experts du...
 
 
 
1 septembre 2007 6 01 /09 /septembre /2007 14:01
 
Lundi 27 Août 2007, j’ai posté le billet suivant - Jacques ATTALI Commission pour la libération de la croissance française- pour annoncer la création d’une commission de réflexion présidée par Jacques ATTALI afin de relever durablement le sentier de croissance en France.
Depuis, cette information a été largement diffusée par des quotidiens nationaux et des économistes via leur blog.
 
C’est Olivier BOUBA-OLGA qui s’est montré le plus disert sur la question dans plusieurs billets successifs que j’ai d’ailleurs commenté.
 
Sur le blog d’ Olivier BOUBA-OLGA, dans les billets suivants, Libération de la croissance, Jacques Attali fait l'économie des économistes et Attali toujours, vous pourrez lire les nombreux échanges auxquels ont donné lieu deux types de commentaires sur cette commission : la place des économistes est remise en question ainsi que les justifications par Jacques ATTALI de la présence d’un Psy dans sa commission.
 
Positive attitude et croissance
 
On apprend notamment que Jacques Attali a expliqué que l’«un des principaux freins à la croissance française, c'est que la France n'est pas gaie, et un psychiatre mieux que personne peut nous expliquer pourquoi la France n'est pas gaie». 
Voilà ce qu’en dit Boris Cyrulnik, psychiatre et membre de la commission Attali, dans une interview récente. Il admet très clairement : «  Je ne connais rien à l’économie, mais je pense qu’il y a des structures sociales qui encouragent ou découragent le fait de se lancer dans la vie et d’entreprendre. De s’entreprendre. Il y a des blocages psychologiques et psychosociaux. » Il ajoute plus loin : «  Les nouvelles manières de travailler et de vivre ensemble provoquent de plus en plus des souffrances psychologiques, qu’on ne peut pas toutes soigner à coups de médicaments. On vit dans une société de la performance, une économie de la hiérarchie. Si on n’est pas en haut, on est humilié. Une institution, une entreprise qui ne permet pas d’évoluer, c’est de la perversion ». Enfin, « On éprouve le désir d’explorer, de s’aventurer, d’oser que si on a une base de sécurité, un projet d’existence, y compris dans le cadre de sa scolarité, de sa famille comme de son travail. Sinon, on tue le plaisir. Et on érode la confiance. »
 
Sa conclusion est qu’il faut changer les structures sociales afin que celles-ci encouragent l'envie d’entreprendre.
 
Tout cela parait bien évident, et les économistes, mais pas seulement eux, les savent depuis longtemps. La croissance économique dépend du dynamisme de ses unités de production au premier rang desquelles on trouve les entreprises. Si les entreprises, considérées dans leur globalité, ne croissent pas, il ne peut y avoir de croissance soutenue et durable.
 
L’esprit d’entreprise, l’esprit d’entreprendre, au sens de prendre des risques en pariant sur l’avenir est indispensable. Joseph SCHUMPETER, un des plus grands économistes du 20ème siécle, a montré clairement qu’à la base de la dynamique d’une économie capitaliste, il y a des entrepreneurs-innovateurs capables de prendre de grands risques…
 
Selon Joseph SCHUMPETER, «L'impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d'organisation industrielle - tous éléments créés par l'initiative capitaliste » et « Le rôle de l'entrepreneur consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production en exploitant une invention ou, plus généralement, une possibilité technique inédite »
 
Selon la théorie de la croissance de SCUMPETER, sans entrepreneurs-innovateurs, pas d’innovation et sans innovation, pas de croissance. Il convient donc de stimuler l’envie d’entreprendre et d’innover. Les conditions de la confiance en l’avenir sont donc requises car c’est d’une sorte de comparaison entre les risques pris et la confiance en la réussite (réalisation de gains) de l’opération que va dépendre la décision.
 
« Des gains impressionnants, beaucoup plus élevés qu'il n'aurait été nécessaire pour provoquer tel ou tel effort spécifique, sont jetés en pâture à une faible minorité de gagnants et, du même coup, impriment une impulsion beaucoup plus puissante que ne l'aurait fait une répartition plus égalitaire et plus "juste" à l'activité de la grande majorité des hommes d'affaires qui, en retour de leurs initiatives, ne reçoivent qu'une rémunération très modeste, sinon rien ou moins que rien, mais qui néanmoins s'évertuent au maximum parce qu'ils ont les yeux constamment fixés sur les gros lots et surestiment leurs chances de réussir aussi bien que les gros gagnants. De même, les sanctions du système sont dirigées contre l'incompétence. Mais, bien que les hommes non qualifiés et les méthodes désuètes soient effectivement éliminés (...), la faillite menace également ou même engloutit plus d'un homme capable et, par suite, ce risque immanent tient en haleine tous les entrepreneurs et agit, à son tour, beaucoup plus efficacement que ne le ferait un système à pénalités plus égalitaire et plus "juste" »
 
Plus tard, John MAYNARD KEYNES, autre grand parmi les grands, a aussi montré que la confiance jouait un rôle fondamental en matière de dynamique économique, en particulier en matière d’investissement. Il avait insisté sur le rôle des « esprits animaux », c'est-à-dire sur l’influence de l’irrationnel dans l’esprit des investisseurs qui cherchent à « connaître l’avenir » avant de se décider à investir ou pas. Les conditions de la confiance en l’avenir sont donc encore une fois requises.
 
Plus tard encore, Franck KNIGHT a expliqué qu’il ne fallait pas confondre risque et incertitude. Le risque est probabilisable, il peut être calculé et donc la prise de risque peut être portée par des éléments de choix rationnels. En revanche, l’incertitude n’est pas le risque, elle n’est pas probabilisable. L’incertitude implique qu’on ne sait pas et qu’on ne peut savoir, tout simplement. Dans ce cadre, la confiance devient un élément clé de la décision économique engageant l’avenir et, in fine la croissance économique.
 
Mais s’il est souhaitable et indispensable de favoriser l’occurrence des conditions de la confiance en l’avenir, je ne comprends encore en quoi les apports d’un psy, dans une commission de réflexion sur les ressorts de la croissance économique, permettront d’atteindre l’objectif visé.
 
A ma connaissance, les Psy peuvent aider des personnes, individuellement, à rependre confiance, à être plus gais… . Mais dans quelle mesure une thérapie de groupe à grande échelle est-ellle susceptible de redonner gaîté et confiance en l’avenir aux millions d’unités économiques qui composent la base microéconomique de la croissance, au niveau macroéconomique ?
 
Sur la place des économistes
 
L’autre grande question soulevée par la composition de la commission de Jacques ATTALI est celle de la place qu’occupent les économistes dans celle-ci.
 
Dans un premier billet rappelé plus haut, - Jacques ATTALI Commission pour la libération de la croissance française-j’avais proposé un tableau simple, certes discutable, mais utile pour essayer d’y voir plus clair. -j’avais proposé un tableau simple, certes discutable, mais utile pour essayer d’y voir plus clair.
 
A l’instar d’Olivier Bouba-Olga, « ce n'est pas le nombre d'économistes qui me pose un problème en soi, ce sont les propos de Jacques Attali sur les économistes.  Le nombre retenu en étant sans doute en retour une conséquence » du mépris que semble éprouver Jacques ATTALI.
 
On peut comprendre ce point en lisant sur le blog de Jacques ATTALI ce qu’il pense des économistes : « 29 août 2007, A quoi sert un économiste?. »
 
« Depuis qu’elle existe, la République sut faire, dans ses gouvernements, le meilleur usage de ses professeurs. (..) Paradoxalement, les seuls enseignants rarement appelés à diriger des administrations sont ceux dont la discipline aurait du justifier qu’on les attendent au premier rang: les professeurs d’économie. De fait, leur réputation est sulfureuse et chacun les considère au mieux comme des experts aussi doués que les météorologues et au pire comme des rebouteux. Et, comme le disait très justement (…) Kenneth Boulding, ““Un économiste est un expert qui saura parfaitement vous expliquer demain pourquoi ce qu'il a prévu hier ne s'est pas passé aujourd'hui »
 
En fait, on lit plus loin, qu’à part Raymond Barre et Dominique Strauss Kahn « les économistes sont cantonnés dans des postes d’experts, dans les banques ou les administrations. Les meilleurs d’entre eux partent par wagons entiers enseigner dans les universités américaines … ». Il reconnaît pourtant que ceux-ci n’ont rien apporté ou peu à la théorie économique. Or qu’est-ce qu’une théorie, si ce n’est un outil pour comprendre ?
 
Plus loin, Jean-Paul FITOUSSI rappelle qu’ « il ne faut pas jeter l’anathème sur une profession (…) Ces arguments ne sont ni très convaincants, ni très scientifiques.».
 
Puis citant, à peu prés, KEYNES qui disait que : «Généralement, les hommes politiques ou les technocrates sont victimes de la pensée d’un écrivailleur universitaire défunt il y a quelques décennies». Sans commentaires ! ?
 
Un paradoxe pour le Président
 
Un autre paradoxe « présidentiel » apparaît ici : la mise en place de cette commission avait été annoncée et souhaitée par le Président de la république Nicolas Sarkozy le 20 juin. Dans le même temps, le Président de la république aréuni autour de lui un mini conseil d’économistes pour le guider dans ses choix économiques. 
. 
 
A consulter
 
Le site de la comission : www.liberationdelacroissance.fr
 
Le blog d'éconoclaste
Par SM, vendredi 31 août 2007
 
 
 
 
 
Le blog de Jacques ATTALI
 
 
Le site de Jacques Attali
 
27 août 2007 1 27 /08 /août /2007 13:32
 
Le Conseil des ministres du 24 août 2007 a officialisé l’institution d’une « Commission pour la libération de la croissance française ».
 
La mise en place de cette commission avait été annoncée par le Président de la république Nicolas Sarkozy le 20 juin.
 
Cette commission sera présidée par Jacques Attali. Elle a été instituée par un décret adopté le 24 août en Conseil des ministres.
 
Missions
 
Sa mission est de trouver les moyens de lever les freins à la croissance et faire des propositions pour :
 
 - augmenter le pouvoir d’achat des Français
 - améliorer le fonctionnement du marché des biens et des services
 - renforcer le dynamisme et la mobilité de l’emploi, ainsi que le taux d’activité
 - identifier les actions et réformes à mener
 
Calendrier
 
Le calendrier est le suivant :
 - installation officielle de la commission le 30 août par le président de la République
 - remise d’un rapport avant la fin 2007.
 
Site internet de la commission
 
Un site internet sera ouvert, à partir du 30 août, à l’adresse www.liberationdelacroissance.fr, sur lequel s’exprimeront les membres de la commission et les internautes souhaitant participer aux réflexions.
 
« Cette commission, dont la création a été annoncée le 20 juin dernier par le président de la République, est chargée d’examiner les conditions d’une libération de la croissance française, à l’image du comité d’experts qui avait abouti à la publication en 1960 du "Rapport du Comité pour la suppression des obstacles à l’expansion économique" de Jacques Rueff et Louis Armand.
Elle a pour mission de rechercher les moyens d’améliorer la compétitivité et la productivité de l’économie française afin d’assurer une meilleure insertion de la France dans l’économie mondiale et européenne. Elle analysera les obstacles auxquels se heurtent les projets d’investissement et de développement des entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises. Elle examinera les simplifications de procédures qui apparaissent nécessaires et recherchera les leviers permettant d’améliorer l’impact des politiques économiques et réglementaires sur les comportements des ménages et des entrepreneurs et sur la croissance.
Elle formulera des propositions en vue d’augmenter le pouvoir d’achat des Français, d’améliorer le fonctionnement du marché des biens et des services et de renforcer le dynamisme et la mobilité de l’emploi, ainsi que le taux d’activité. Elle identifiera les actions et réformes à mener, incluant des mécanismes innovants permettant d’emporter l’adhésion des acteurs concernés. »
 
La commission, présidée par M. Jacques Attali, rassemble de nombreuses personnalités françaises et étrangères disposant d’une expertise affirmée en matière économique et sociale.
 
Membres de la commission 
 
M. Jacques ATTALI, président de PlaNet Finance, est nommé président de la commission.
 
Les 43 personnalités qui la composent, françaises et étrangères, proviennent d’horizons divers : professeurs, anciens ministres, chefs d’entreprise, personnalités de la société civile, économistes, avocats, ingénieurs, parlementaires, consultants, journalistes, écrivains... Répartis en sous-commissions, ils se réuniront deux fois par mois en commission plénière.
 
Un tableau par catégories des membres de la commission
 
Dans le tableau ci-dessous, j’ai classé les membres de la commission par catégories.
On dénombre, sur 43 membres, 5 économistes, 18 dirigeants d’entreprises, 10 personnalités politiques, syndicales… en France ou à l’étranger et enfin, 10 autres personnalités dont les liens avec l’économie sont plus ou moins « étroits ».
 
Les économistes sont largement minoritaires
 
Les économistes sont très largement minoritaires dans cette commission dont la réflexion est relève d’abord de l’analyse économique. C’est un peu surprenant. Pais attendons de voir la suite.
Que des dirigeants d’entreprises soient présents, c’est tout à fait normal, mais ils semblent surreprésentés par rapport aux économistes.
Les représentants des syndicats sont peu présents.
Parmi les personnalités politiques diverses, certains noms sont déjà apparus dans des rapports économiques….
Enfin, la présence de journaliste, d’écrivains, médecin, avocats,… me laisse un peu perplexe.
 
La croissance et le fonctionnement de l’économie ne sont pas l’affaire des seuls économistes. Cela étant, les économistes comprennent probablement mieux les questions économiques que les médecins, les avocats, les écrivains,…  A chacun ses spécialités, non ? A ma connaissance, pour les rapports juridiques, médicaux,…, les économistes sont-ils invités à participer aux travaux des différentes commissions ?
 
 
Economistes
Dirigeants d’entreprises
Personnalités politiques, syndicales…
 
Divers
Journalistes, écrivains, avocats…
 
M. Philippe AGHION
M. Christian de BOISSIEU
M. Jean-Philippe COTIS
Mme Michèle DEBONNEUIL
M. Jacques DELPLA
 
 
 
 
M. Claude BEBEAR
M. Jihad BELAMRI
M. Stéphane BOUJNAH
M. Peter BRABECK-LETMATHE
M. René CARRO
M. Pierre FERRACCI
M. Xavier FONTANET
M. Pehr G. GYLLENHAMMAR
M. Eric LABAYE
Mme Anne LAUVERGEON
M. Pierre NANTERME
M. Geoffroy ROUX DE BEZIEUX
Mme Dominique SENEQUIER
M. Pierre Sébastien THILL
M Philippe TILLOUS-BORDE
M. Jean-Noël TRONC
M. Serge WEINBERG
Mme Dinah WEISSMANN
 
 
M. Franco BASSANINI
 
Mme Evelyne GEBHARDT
M. Jean KASPAR
M. Jean-Pierre LANDAU
 
M. Bruno LASSERRE
Mme Reine-Claude MADER SAUSSAYE
M. Mario MONTI
M. François VILLEROY DE GALHAU
M. Michel de VIRVILLE
Mme Josseline de CLAUSADE
 
 
M. Boris CYRULNIK
 
M. Jean-Michel DARROIS
Mme Marion GUILLOU
Mme Nathalie HANET
M. Yves de KERDREL
M. Eric LE BOUCHER
M. Hervé LE BRAS,
M. Erik ORSENNA
Mme Ana de PALACIO VALLELERSUNDI
M. Theodore ZELDIN
 
 
 
 
La liste par ordre alphabétique
 
M. Philippe AGHION, professeur d’économie à l’université Harvard (Etats-Unis), membre  du Conseil d’analyse économique ;
M. Franco BASSANINI, ancien ministre du gouvernement de la République d’Italie ;
M. Claude BEBEAR, président de l’Institut Montaigne ;
M. Jihad BELAMRI, président directeur général de BEE ;
M. Christian de BOISSIEU, professeur d’économie, président délégué du Conseil d’analyse économique, membre du Conseil d’orientation pour l’emploi ;
M. Stéphane BOUJNAH, managing director de Deutsche Bank ;
M. Peter BRABECK-LETMATHE, président directeur général de Nestlé SA ;
M. Boris CYRULNIK, médecin, neurologue et psychiatre ;
M. René CARRON, président de Crédit Agricole SA ;
M. Jean-Philippe COTIS, économiste en chef de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ;
M. Jean-Michel DARROIS, avocat ;
Mme Michèle DEBONNEUIL, nommée dans des fonctions d’inspecteur général des finances, membre du Conseil d’analyse économique, membre du Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale ;
M. Jacques DELPLA, économiste, membre du Conseil d’analyse économique ;
M. Pierre FERRACCI, président du groupe ALPHA ;
M. Xavier FONTANET, ingénieur civil des ponts et chaussées, président directeur général de Essilor International ;
Mme Evelyne GEBHARDT, représentant au Parlement européen (Allemagne) ;
M. Pehr G. GYLLENHAMMAR, président de Kinnevik, président de la Banque maritime suédoise, ancien président de Volvo ;
Mme Marion GUILLOU, ingénieur général du génie rural, des eaux et des forêts, présidente directrice générale de l’Institut national de recherche agronomique (INRA) ;
Mme Nathalie HANET, secrétaire générale du COORACE, Fédération des comités et organismes d’aide aux chômeurs par l’emploi ;
M. Jean KASPAR, consultant, ancien secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) ;
M. Yves de KERDREL, journaliste ;
M. Eric LABAYE, directeur général associé de McKinsey au bureau de Paris ;
M. Jean-Pierre LANDAU, inspecteur général des finances, sous-gouverneur de la Banque de France ;
Mme Anne LAUVERGEON, présidente du directoire d’Areva ;
M. Bruno LASSERRE, conseiller d’Etat, président du Conseil de la concurrence ;
M. Eric LE BOUCHER, journaliste ;
M. Hervé LE BRAS, démographe, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales ;
Mme Reine-Claude MADER SAUSSAYE, présidente de la Confédération de la consommation, du logement et du cadre de vie, membre du Conseil de la concurrence ;
M. Mario MONTI, président de l’université Bocconi de Milan (Italie), ancien commissaire européen ;
M. Pierre NANTERME, président de Accenture ;
M. Erik ORSENNA, écrivain, membre de l’Académie française, conseiller d’Etat ;
Mme Ana de PALACIO VALLELERSUNDI, avocat, professeur d’université, premier vice- président et conseiller juridique de la Banque mondiale, ancienne ministre du gouvernement du Royaume d’Espagne ;
M. Geoffroy ROUX DE BEZIEUX, président directeur général de Virgin Mobile France, président de CroissancePlus ;
Mme Dominique SENEQUIER, présidente du directoire d’AXA Private Equity ;
M. Pierre Sébastien THILL, président du directoire CMS Bureau Francis Lefebvre ;
M Philippe TILLOUS-BORDE, président de Saipol et de Diester Industrie ;
M. Jean-Noël TRONC, directeur général et membre du comité exécutif d’Orange France ;
M. François VILLEROY DE GALHAU, inspecteur général des finances, président directeur général de Cetelem ;
M. Michel de VIRVILLE, conseiller maître à la Cour des comptes, secrétaire général et responsable de la performance des fonctions support du groupe Renault ;
M. Serge WEINBERG, président du conseil d’administration et président du conseil stratégique d’Accor ;
Mme Dinah WEISSMANN, présidente directrice générale de Biocortech ;
M. Theodore ZELDIN, écrivain, sociologue, historien, doyen du Saint Anthony’s college d’Oxford (Grande-Bretagne).
Mme Josseline de CLAUSADE, conseiller d’Etat, est nommée rapporteur général de la commission. M. Emmanuel MACRON, inspecteur des finances, est nommé rapporteur général adjoint.
 
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