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David Mourey

  • : Démocratie Economie et Société
  • : David MOUREY Professeur d'Economie Auteurs de nombreux ouvrages d'économie chez De Boeck Fondateur des « Rencontres économiques » depuis 2005.« Rencontres économiques lycéennes » et « Rencontres économiques citoyennes »à Pontault-Combault depuis 2005 ! Fondateur des« Rencontres économiques » à Paris depuis 2008 !
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Le Livre de la Semaine

 

 

Texte Libre

 

8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 11:41

 

Les cours boursiers sont en chute dans la plupart des grandes bourses mondiales depuis quelques jours. Malgré des injections de liquidité répétées des banques centrales sur les marchés monétaires interbancaires, malgré l'adoption du Plan PAULSON 2 aux Etats-Unis, malgré les annonces nationales, ..., le cercle vicieux de la baisse dans les principales bourses est bel est bien enclenché. Les Bourses plongent les unes après les autres avec en toile de fond la crainte d'une inexorable extension de la crise.

 

La crise de confiance, la défiance réciproque généralisée, entraine une propagation rapide des baisses sur les différents marchés, comme dans un jeu de domino trop bien huilé ou la chute des uns s'accompagne ipso facto de celle des autres.

 

Des annonces dans tous les sens  ...

 

Les annonces diverses se multiplient de part et d'autre de l'Atlantique pour tenter de sauver la finance. Sans succès si l'on se réfère à l'évolution des marchés, qui continuent leur plongeon. L'évolution des cours traduit le fait qu'au-delà de la crise structurelle, il y a une profonde crise de confiance. Toutefois, les acteurs financiers n'agissent pas uniquement de facteurs psychologiques par nature erratiques. Au-delà des « esprits animaux » (« animals siprits » selon KEYNES), s'ils sont pessimistes, c'est qu'ils ont des raisons objectives d'avoir peur. Une peur, en patrie fondée, d'un écroulement global de l'économie mondiale, une peur de devoir faire face non seulement au spectre du risque systémique, mais, in fine, au risque systémique himself ...

 

... mais sans impacts positifs sur l'évolution des cours boursiers

 

La Bourse de Paris en France est au plus bas depuis 2004. La  chute s'accentue ce mercredi matin 08 octobre 2008. En effet, le CAC 40 baisse de 4,85 %, rejoignant son plus bas niveau depuis août 2004. Déjà, lundi 6 octobre 2008, on avait assisté à une Chute historique du CAC 40 qui avait  chuté, de 9,04 %, soit la plus forte chute observée depuis sa création.

 

A Londres, l'indice Footsie-100 a diminué de 7,85 %. En Allemagne, l'indice  DAX a baissé de 7,07 %. La bourse de Milan en Italie chute également de 8,24 %.

 

La panique boursière persiste en raison des craintes exacerbées par l'ampleur de la crise du secteur bancaire en Europe. Trois des quatre plus grosses banques britanniques ont demandé lundi 6 octobre 2008 au ministre des finances, Alistair Darling, de prendre une décision rapide sur un éventuel plan de soutien, qui devrait se traduire par des injections de capital de 15 mds de £ (19,4 mds d'€).

 

Les Bourses asiatiques s'effondrent aussi, puisque celle de Tokyo au Japon a perdu  9,38 %, le krach n'est pas très loin. Shanghaï en Chine a perdu plus de 5 %.

 

« Les marchés émergents fortement affectés
par l'approfondissement de la crise financière »

 

« L'approfondissement de la crise mondiale a commencé à affecter les économies émergentes. Les indices boursiers et obligataires ont fortement reculé depuis début septembre sur fond de retraits des capitaux d'investisseurs internationaux. Les monnaies sont également sous pression. La thèse du « decoupling » selon laquelle la croissance des pays émergents devrait rester à l'abri des effets du ralentissement de la croissance mondiale (grâce à la robustesse de la demande domestique et l'essor des échanges intraémergents) est désormais remise en question. Le principal risque sur la croissance des émergents ne vient pas du ralentissement des exportations destinées aux économies industrialisées (même si ce risque est très présent) mais de la hausse du coût du financement lié aux credit crunch. »

Natixis Report, 06 octobre 2008, Edgardo Torija-Zane, Carlos Quenan & Stéphanie Prat

 

Les craintes grandissantes pour la santé économique des Etats-Unis et de l'Europe,  et la dépréciation du dollar, pèsent négativement sur la croissance économique mondiale. L es marchés s'alarment également des signes de propagation de la crise financière en Europe, où Hypo Real Estate (HRE), la quatrième banque d'Allemagne, est au bord de la faillite et fait l'objet d'un plan de sauvetage gouvernemental. La situation de HRE faisait chuter les valeurs bancaires notamment à Paris.

 

Selon un dernière dépêche du Journal « Le Monde » ce mercredi 8 octobre 2008, on assiste à un Chute libre des Bourse que rien ne paraît enrayer : « Dans la foulée des Bourses asiatiques, notamment celle de Tokyo qui a connu un quasi-krach mercredi avec un recul de 9,38 %, les Bourses européennes étaient en très forte baisse : la plupart perdaient plus de 5 %. A Moscou, à Bucarest ou encore à Prague, les cotations ont même été suspendues temporairement. Aucune des multiples initiatives des autorités n'a apporté le moindre réconfort aux investisseurs, qu'il s'agisse de la garantie des dépôts bancaires des particuliers dans l'UE ou du coup de pouce de la Réserve fédérale américaine au financement des entreprises et de la perspective d'une baisse prochaine des taux. Les opérateurs sont paniqués par les nouveaux signes de la contagion de la crise financière à l'économie, comme le montrent le recul des crédits à la consommation aux Etats-Unis pour la première fois depuis plus de dix ans, la confirmation par Eurostat du recul de 0,2 % au 2e trimestre du PIB de la zone euro et la dégradation des résultats des entreprises telle BMW, dont les ventes ont plongé de 14,6 % en septembre. »

 

De quelques mesures convergentes mais insuffisamment coordonnées

 

Les mesures décidées des deux côtés de l'Atlantique par les autorités pour enrayer la crise financière n'ont donc pas changé le moral des Bourses.  La crise de confiance persiste et signe.

 

Pourtant,  en Europe la BCE a continué lundi 6 octobre ses opérations de soutien à la liquidité sur le marché monétaire. Elle a lancé un nouvel appel d'offres de 50 mds de $ au maximum, et une nouvelle opération de drainage de liquidités portant sur 220 mds d'€. Ce mercredi 8 octobre 2008, la Banque centrale européenne baisse son principal taux directeur à 3,75% contre 4,25%, en raison de l'ampleur de cette crise bancaire, financière et réelle.

 

Aux Etats-Unis, la Fed va aussi mettre en place un fonds spécial pour acheter les billets de trésorerie - un marché de 1 600 mds de $ vital pour les entreprises et qui s'assèche.

 

La Réserve fédérale a aussi annoncé qu'elle allait à verser des intérêts sur les réserves que les banques détiennent sur leur compte à la banque centrale.  Cette décision doit permettre à la Réserve fédérale de continuer à approvisionner les marchés en liquidités. Ce qui ne l'empêchera pas de mener une politique monétaire expansionniste en diminuant  son taux directeur pour stimuler l'économie, menacée de récession. Elle devrait donc baisser l'objectif du taux des fonds fédéraux, le principal instrument de sa politique monétaire. D'ailleurs, en ce mercredi 8 octobre 2008, la Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre ont également annoncé une baisse d'un demi-point de leur taux directeur.

 

« La Fed a aussi relevé les montants offerts dans le cadre de ses prochaines adjudications exceptionnelles (Term Auction Facility, TAF) à 28 et 84 jours, pour les porter à 150 milliards de dollars à chaque fois, un relèvement qui concernera aussi les deux adjudications TAF de novembre, afin de tenter d'apaiser les tensions sur les marchés du financement des entreprises à l'approche de la fin de l'année. »

 

Pour avoir une idée de l'ampleur des actions des grandes banques centrales du monde, on peut observer dans le tableau suivant le montant des sommes injectées pour répondre à la soif de liquidités à très court terme sur le marché interbancaire.

 

 

Montants des injections de liquidités sur le marché interbancaire

par les banques centrales pendant la semaine du 15 septembre 2008

 

 

 

Milliards de Dollar 

 

Etats-Unis : Réserve fédérale ou Fed

 

71,3 

Zone Euro :

Banque centrale européenne ou BCE

 

177,4

 

Royaume-Uni : Banque centrale du RU ou BoE

 

130,1

 

Japon : Banque centrale du Japon ou BoJ

 

117,3

 .
Sources :Patrick ARTUS - Natixis, Fed, BCE, BoE, BoJ

 

  

Sur l'efficacité de ces injections nécessaires de liquidités, voir le billet : Crise financière et Injection de liquidités

 

 

L'adoption du plan Paulson 2 : trop tard ?

 

Aux Etats-Unis, l'adoption par le Congrès américain du plan Paulson 2 de sauvetage des banques n'a pas vraiment rassuré Wall Street, pas plus que les autres Bourses.  Concrètement, ce « plan de soutien au secteur financier de 700 milliards de dollars n'a pas vraiment apaisé les craintes des investisseurs, qui s'attendent désormais à ce que la crise du crédit déstabilise durablement le système financier et économique dans son ensemble. »

 

Sur ce point, voir le billet : Le Bilan des banques avant et après le Plan de sauvetage du Trésor US

 

En fait, de l'avis général ou tout au moins partagé,  la mise en place effective de l'ensemble des mesures du plan Paulson provoquera probablement une inflexion dans la crise actuelle mais ne sifflera pas la fin la fin des difficultés. Cela restait nécessaire, mais c'est insuffisant."

 

Au Royaume-Uni, Londres nationalise partiellement ses plus grandes banques. Le gouvernement britannique a annoncé une prise de participation pouvant aller jusqu'à 50 milliards de livres et le déblocage d'une ligne de crédit de 200 milliards de livres.

 

De quelques réactions collectives et concertées

 

En fin de semaine dernière, samedi 4 octobre 2008, les quatre membres européens du G8 ou G4 se sont engagés à porter secours aux établissements financiers européens en difficulté. Ils devraient donc soutenir ces établissements financiers mais cela ne se fera pas sans contrepartie car des sanctions seraient prises contre les dirigeants qui auraient une responsabilité avérée dans l'émergence de ces difficultés.

 

De surcroit, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Italie demandent aux autorités européennes de faire preuve de "flexibilité" dans l'application du pacte de stabilité. Ce ci va logiquement dans le sens de la remarque finale du précédent billet de ce blog : Crise financière : quelle réponse européenne ?

 

 Enfin, les membres du G4 appellent à la tenue d'un sommet international "le plus tôt possible" pour revoir les règles de fonctionnement du capitalisme financier.

 

Plus largement, en Europe, les 27 Etats de l'Union européenne se sont mis d'accord pour garantir les dépôts bancaires des particuliers jusqu'à 50.000 €, contre 20.000 auparavant, en cas de faillite. Ils ont aussi promis de soutenir leurs groupes financiers en difficulté.

 

Le 6 octobre e2008, Washington a appelé à une coordination mondiale face à la crise financière et réelle. « En fait, les autorités américaines appellent à une réaction "forte et coordonnée" à l'échelon mondial face à la crise du crédit, alors que la baisse des marchés financiers s'accentue en dépit de la perspective de nouvelles injections massives de liquidités.  Au total, ces adjudications représenteront 900 milliards de dollars. »

 

Quelques Propositions du
Conseil d'Analyse économique (CAE)

 

 Dans un récent rapport intitulé « La crise des subprimes », rédigé par Patrick Artus, Jean-Paul Betbèze, Christian de Boissieu et Gunther Capelle-Blancard on peut lire les propositions de réformes « structurelles » suivantes :

 

« La crise financière des subprimes, qui a éclaté en août 2007, est loin d'être achevée un an après. Elle touche en pratique l'essentiel du système bancaire et financier, et pas seulement les crédits hypothécaires accordés aux ménages américains risqués (les fameux subprimes). Elle soulève de redoutables interrogations sur les avantages et les inconvénients des procédures de titrisation, sur le rôle des innovations financières dans le transfert des risques et donc leur traçabilité, sur le contrôle interne des risques et l'organisation même des systèmes de contrôle prudentiel et de supervision bancaire, sur le dispositif général de régulation bancaire et financière...

(...)  Le rapport présente un certain nombre de recommandations. Certaines ne prennent leur sens qu'à l'échelle mondiale, même si elles supposent plus de coopération à l'intérieur de l'Europe(...)

 

D'autres propositions touchent directement au fonctionnement de l'Europe, lorsqu'il est question de renforcer dans le marché unique la coordination des régulateurs nationaux, qu'ils s'occupent des banques, des sociétés d'assurance ou des marchés financiers. »

 

« Le rapport a été présenté et discuté lors de la séance plénière du CAE du 17 avril 2008. »

 

 

Les Principales propositions du rapport du CAE

 

1Fonctionnement des agences de notation et transparence de l'information

 • Exiger des agences de notation qu'elles soient transparentes sur leurs modèles et leurs méthodologies.

 

• Imposer que les agences de notation intègrent dans leurs évaluations le risque de liquidité et les risques opérationnels, à côté des risques de crédit. (...)

 

• Mettre en place des mécanismes visant à réduire les conflits d'intérêt entre les émetteurs et les agences de notation. (...)

 

• Renforcer le code de conduite de l'OICV pour inciter les agences de notation à séparer plus clairement leurs activités de notation et de conseil. (...)

 

• Créer un label européen des agences de notation, à l'image du label américain NRSRO. Ce label pourrait être attribué par le CESR (Committee of European Securities Regulators).

 

• Revoir la classification des produits financiers proposés aux investisseurs, en incorporant le risque de liquidité comme critère. (...)

 

2. Adéquation actif/passif des banques

 

• Définir des standards internationaux de liquidité. Ces derniers doivent rester simples et transparents, malgré la complexité de la finance moderne. (...) C'est au Comité de Bâle (élargi aux pays émergents) que doit revenir le soin d'organiser ces travaux.

 

• Intégrer les considérations de liquidité dans le « toilettage » de Bâle II au niveau de chacun de ses trois piliers : la définition du ratio de solvabilité (pilier 1), l'exercice de la supervision bancaire (pilier 2) avec une attention croissante à apporter dans cet exercice à la liquidité, la « discipline de marché » (pilier 3) puisque les banques devront être plus transparentes sur leur situation de liquidité.

 

Augmenter les pondérations des « lignes de liquidité » (« contingency lines »), par lesquelles les banques s'engagent à racheter des crédits qu'elles auraient titrisés.

 

• Mettre au menu de la présidence européenne, à compter du 1er juillet 2008, un « toilettage » de la directive sur l'adéquation des fonds propres (CRD).

 

3. Normes comptables

 

• Assouplir les règles de comptabilisation en valeur de marché pour les investisseurs institutionnels en leur permettant de lisser leurs plus ou moinsvalues latentes sur plusieurs années dans le cas où les titres sont détenus jusqu'à l'échéance.

 

4. Gouvernance internationale

 

4.1. Au niveau européen

 

À court terme, faire évoluer et renforcer les comités de niveau du processus Lamfalussy 3 (le CESR pour les régulateurs financiers, le CEBS pour les banques, le CEIOPS pour les assurances), comme le recommande Tommaso Padoa-Schioppa.

 

 

À moyen terme, créer un système européen de superviseurs bancaires calqué sur le système européen des banques centrales, comme le suggère Michel Pebereau.

 

4.2. Au niveau mondial

 

Associer les principaux pays émergents et des représentants des pays en développement aux travaux sur la liquidité.

 

Remplacer le G7/G8 par un G13 ou un G15, permettant d'associer comme membres de plein exercice les grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Indonésie...).

 

Veiller à ce que la réglementation ne profite pas, in fine, aux places  financières offshores. Cela plaide de nouveau pour une concertation la plus large possible. »

 
 Quelques remarques pour conclure

L'ensemble de ces recommandations, qui ont précédé les nouvelles manifestations de la crise financière mondiale, permettent de mettre clairement en évidence le besoin d'actions concertées d'une part au niveau mondial et d'autre part au niveau européen.

Les questions relatives aux problèmes posées par l'excès de liquidité produit par le fonctionnement actuel du système financier international montrent à quel point le monde ne peut plus fonctionner durablement avec des déséquilibres financiers internationaux de cette ampleur encore longtemps.

 

A suivre ...

  

A consulter :

 

Washington a appelé à une coordination mondiale face à la crise http://www.lesechos.fr/info/inter/reuters_00081691.htm?xtor=EPR-1084

 

Sauvetage du système financier : A quel prix pour le contribuable ?

 

 

Les dangers de la « Finance de PONZI »

 

De la crise financière, ... à la crise réelle ?

 

Attention : une crise financière peut en cacher une autre

 

Crise financière : excès de liquidités ou excès d'épargne ?

 

La « catastrophe » de 2011 : une grave crise de l'endettement

 

D'une bulle spéculative à la suivante

 

Etats Unis : quelle évolution des taux de défaut sur les crédits subprime ?

 

Taux de défaut Subprime aux Etats Unis

 

Mieux comprendre la finance pour éviter les crises financières

 

Mieux comprendre la finance pour éviter les crises financières (2)

 

commentaires

D
Pour faire face à la crise financière internationale: Faites appel à Cheminade!!! Depuis 1995, Jacques Cheminade l'avait dit!!! Aujourd'hui Jacques Cheminade propose ses solutions!!! Vite demander un VRAI nouveau Bretton woods!!! David C.
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