Voilà une bonne nouvelle pour les économistes et le Prix Nobel d'économie. En tout cas, j'en suis très content, et je me demandais seulement quand cela allait arriver.
Je serais également très heureux qu'au moins l'un des trois économistes français souvent cités pour l'attribution du Prix NOBEL d'économie soit prochainement récompensé. Je pense ici à Philippe AGHION, Olivier BLANCHARD et Jean TIROLE.
Le Prix NOBEL d'Economie 2008 à Paul KRUGMAN
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Le prix Nobel d'économie 2008 a donc été décerné ce jour, lundi 13 octobre 2008, à Paul KRUGMAN. Ce célèbre et respecté économiste américain, est né le 28 février 1953 à Long Island dans l'Etat de New York.
Il faut déjà lauréat de la médaille John Bates Clark en 1991
Paul KRUGMAN enseigne actuellement dans la prestigieuse Université de Princeton.
C'est un économiste spécialiste des questions relatives à la mondialisation tant du point de vue du commerce international que du point de vue des crises financières.
Il a donc été récompensé pour avoir été un des premiers a proposer une nouvelle théorie du commerce et de la finance internationales.
Dans le cadre de ses travaux sur le commerce international, il a mis en évidence « les effets des économies d'échelle sur les modèles du commerce international et la localisation de l'activité économique", a expliqué l'Académie royale suédoise des sciences dans ses attendus.
Spécialisation:
Avantages comparatifs ou rendements d'échelle croissants
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« Du début du XIXième siècle à la fin des années soixante-dix, la théorie du commerce international a presque entièrement été dominée par le concept des avantages comparatifs que nous pouvons rapidement définir comme la thèse qui veut que les pays commercent les uns avec les autres pour tirer bénéfice de leurs différences. Dans les modèles formels, il était entendu que les économies se définissaient par des rendements d'échelle constants et par une concurrence parfaite. A partir de ces hypothèses, il n'y a échange que dans la mesure où les divers pays ont des goûts, une technologie ou une dotation en facteurs différents (...) (Pourtant), les économistes qui avaient réfléchi à la question savaient depuis longtemps que les avantages comparatifs n'expliquaient peut-être pas tout, et que les rendements croissants pouvaient être une autre cause de spécialisation et d'échanges... » Paul Krugman, 1987 « La mondialisation n'est pas coupable », La Découverte, 1998
La nouvelle théorie du commerce internationale
de P.KRUGMAN par JP.FITOUSSI
Une présentation simple et claire d'un des apports fondamentaux de Paul KRUGMAN à la théorie du commerce international a été donnée par Jean-Paul FITOUSSI : dans le chapitre « Les ambiguïtés du Libre-Echange » de l'ouvrage «LE DÉBAT INTERDIT », Jean-Paul Fitoussi, Arléa 1995
« Récemment, des tentatives de formalisation de l'idée d'un protectionnisme nécessaire, tout au moins à titre transitoire, et ne touchant que certaines productions, ont été proposées, notamment sous l'impulsion de Paul KRUGMAN.
Cette nouvelle formulation de la théorie prend en compte certaines spécificités nationales, comme l'avantage qu'a un pays à se spécialiser dans la production automobile et un autre dans la production d'acier. Dans le cadre de la pensée libre échangiste, la France a tout intérêt à abandonner la production d'acier et la Russie, celle d'automobile. Mais ce faisant la Russie abandonnera non seulement une production, mais aussi un savoir faire, acceptant ainsi une irréversibilité dans l'évolution future de son économie. Elle connaîtra, en somme, une perte de capital humain, immatériel mais véritable, ce qui grèvera l'évolution future des savoir-faire, de toute une culture technique et, donc, de sa dynamique économique elle-même. En revanche, si la Russie continue à construire des automobiles, il se peut qu'elle parvienne à le faire de mieux en mieux en formant son capital humain pendant une période transitoire, et qu'elle parvienne à accéder à un avantage comparatif dont, pour le moment, elle ne bénéficie pas.
Cette formulation nouvelle, qui est une justification d'un protectionnisme limité, révèle que la théorie classique du libre échange peut conduire à des politiques défavorables sur le long terme; une perte de substance, de savoir-faire, de culture de travail, de formes d'organisation industrielle pouvant signifier; pour un pays donné, une perte d'adaptabilité qui eût été vitale pour affronter l'avenir. Cette analyse intègre le fait que les avantages comparatifs sont en perpétuelle évolution. La protection d'aujourd'hui peut donc tout aussi bien faire naître les avantages comparatifs de demain qui rayonneront, après-demain, dans tout le système productif. S'il existe, en effet, une dynamique de l'apprentissage, le savoir-faire accumulé pourra, au moins partiellement, se diffuser vers d'autres secteurs, permettant ainsi à d'autres productions d'émerger. » « Les ambiguïtés du Libre-Echange » de l'ouvrage « LE DÉBAT INTERDIT », Jean-Paul Fitoussi, Arléa 1995
Voilà un sens de la nuance que j'apprecie.
On peut être favorable au libre échange, sans pour autant être favorable à un libre échange débridé.
Le libre échange en tant qu'optimum de second rang.
Chroniques de PAUL KRUGMAN dans « The New York Times »
Depuis 1999, il propose des chroniques dans le The New York Times dans lesquelles il n'est pas seulement question d'économie. Voir ci-dessous.
Le nouveau Prix Nobel d'économie semble satisfait
des mesures adoptées par l'Eurogroupe face à la crise fiancière.
Selon le Journal Les Echos, « L'économiste américain Paul Krugman, prix Nobel d'économie 2008, s'est déclaré "terrifié" lundi par la crise financière actuelle qui lui rappelle la dépression des années 1930.
"Ca s'annonce mieux qu'il y a cinq jours, mais la crise financière me terrifie", a confié le lauréat à l'agence de presse suédoise TT. "Je n'aurais jamais cru voir se répéter 1931 de mon vivant, mais cette crise m'y fait penser à bien des égards", a-t-il ajouté.
Eminent professeur à l'université américaine de Princeton, il s'est dit "très content" de la façon dont les Européens répondent à la crise après le train de mesures annoncées dimanche par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Eurogroupe. "Je crois que nous voyons enfin les choses bouger", a-t-il dit ». (source AFP)
Je reviendrai prochainement sur certains écrits et certaines thèses de Paul KRUGMAN, mais j'invite d'ores et déjà chacun à lire ses ouvrages, ses articles, que l'on soit plus ou moins d'accord ou en désaccord avec lui.
A consulter :
L'Amérique que nous voulons par Paul Krugman
L'Amérique dérape par Paul Krugman
Pourquoi les crises reviennent toujours par Paul Krugman
La Mondialisation n'est pas coupable : Vertus et Limites du libre-échange
par Paul-R. Krugman
Economie internationale par Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld
International Economics par Paul R. Krugman et Maurice Obstfeld
Selected Books By Paul Krugman
The Conscience of a Liberal (2007)
The Return of Depression Economics (1999)
Sur le site de « The New York Times »
Paul Krugman Navigator :
A list of resources from around the Web about Paul Krugman as selected by researchers and editors of The New York Times.
Mr. Krugman's book site.
From krugmanonline.com
Nobel Prize in Economic Sciences announcement
With links to academic articles, older writings.
The Unofficial Paul Krugman Site
Contains archive of pre-Times columns.
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October 13, 2008 7:40am
October 12, 2008 7:25pm
October 12, 2008
Sur le site Contre Info
Y a-t-il un adulte dans l'assistance ? par Paul Krugman
http://www.contreinfo.info/article.php3?id_article=2204
Au bord du gouffre, par Paul Krugman
Pas d'accord ! par Paul Krugman
Sortie de crise, par Paul Krugman
Roulette Russe financière, par Paul Krugman
Paul Krugman : Tempête sur les grains
Krugman : Piège dans les eaux glacées (du calcul égoïste) (VO)
Krugman : les banques sont devenues folles (traduction)
Krugman : déficit US et dégringolade du dollar
Krugman : De la révolution inégalitaire en Amérique
Paul Krugman : Le nouvel age doré (VO)
Krugman : Tchernobyl boursier (VO)