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David Mourey

  • : Démocratie Economie et Société
  • : David MOUREY Professeur d'Economie Auteurs de nombreux ouvrages d'économie chez De Boeck Fondateur des « Rencontres économiques » depuis 2005.« Rencontres économiques lycéennes » et « Rencontres économiques citoyennes »à Pontault-Combault depuis 2005 ! Fondateur des« Rencontres économiques » à Paris depuis 2008 !
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Le Livre de la Semaine

 

 

Texte Libre

 

27 août 2007 1 27 /08 /août /2007 10:45
 
L’ancien Premier Ministre Raymond Barre vient de décéder. Je suis un peu triste de voir disparaître un ancien haut dirigeant politique qui a œuvré directement pour qu’il existe en France de nombreux instituts de recherche en économie, indépendants et devant alimenter le débat économique.
 
En tant que professeur de « sciences économiques et sociales », j’enseigne au lycée quelques rudiments en économie. De surcroît, à travers ce blog et les conférences et débats que j’organise avec les meilleurs économistes de France, pour des centaines d’élèves et mes concitoyens de Pontault-Combault, je cherche à défendre et à promouvoir au mieux, le débat d’idée, la libre discussion en économie, en particulier. J’utilise, dans ces conditions abondamment les documents de ces organismes que je vais présenter.
 
Alors qu’aujourd’hui, certains dirigeants comme Jean-François COPE se demandent s’il ne faudrait pas supprimer quelques organismes de recherche comme le CAE, le CAS et donc pourquoi pas l’OFCE, le CEPII,… il me semble indispensable de rappeler le rôle fondamental de Raymond BARRE en ce qui concerne la mise en place de ces instituts.
 
Le CEPII
 
Le CEPII, Centre d'études prospectives et d'informations internationales, a été par un décret du 20 mars 1978, suite à la volonté de M. Raymond Barre, Premier Ministre, de diversifier et renforcer l’offre en matière d’information et d’analyse économiques. « Il est le principal centre français d'étude et de recherche en économie internationale. Placé auprès du Centre d'analyse stratégique, cet organisme public, réunit une équipe d'une cinquantaine de personnes dont une trentaine d'économistes. L’indépendance du CEPII a été garantie par l’existence d’un Conseil scientifique qui se prononce sur les orientations stratégiques des travaux. Le Conseil est composé de responsables des administrations et de personnalités issues des entreprises, des organisations syndicales et de l'Université. » La directrice du CEPII est aujourd’hui Agnes BENASSY-QUERE, directrice du CEPII depuis juillet 2006, elle a succédé à Lionel Fontagné.
 
NB : Contrairement à l’Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE), dont le statut garantit l’indépendance, le CEPII fut « placé » par le décret du 20 mars 1978 « auprès du Commissariat général du Plan ». Depuis, le Centre d’analyse stratégique, créé par décret en date du 6 mars 2006, a succédé au Commissariat général du Plan.
 
L’OFCE
 
En 1981, l’OFCE, Observatoire français de conjonctures économiques, a été créé à l'initiative de Raymond Barre et mis en place par le gouvernement de Pierre Mauroypar décret au sein de la FNSP, Fondation nationale des sciences politiques. « Fondé et présidé par Jean-Marcel Jeanneney, il est présidé depuis 1990 par Jean-Paul Fitoussi, qui préside également le Conseil scientifique de Sciences Po. Une convention pluriannuelle de six ans, conclue entre le Premier ministre et la FNSP, lui donne la stabilité nécessaire à l’accomplissement de ses missions. La spécificité de l’OFCE est d’être à la fois un institut de recherche et de prévision. Il a notamment pour mission l’étude des économies françaises et européennes dans leur contexte international et la réalisation de prévisions économiques à court, moyen et long terme. »
 
L’IRES
 
L'IRES, Institut de recherche économique et sociale, est aussi né de la volonté de Raymond Barre. L'IRES a pour fonction de répondre aux besoins exprimés par les organisations syndicales représentatives dans le domaine de la recherche économique et sociale.
 
REXECODE
 
Enfin, l’organisme Rexecode a également été crée sur une initiative de Raymond Barre. Rexecode est organisme indépendant dirigé par Michel Didier, l'un des économistes que Jospin avait nommé membre en 1998 du conseil d’analyse économique. Rexecode a fusionné, en septembre 2006, avec le centre d'observation économique (COE) de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris. L’objectif étant de créer un concurrent pour l'OFCE, « réputé » à gauche.
 
Il faut noter et retenir que de nombreux membres de ces instituts, OFCE, CEPII, Rexecode, IRES, sont membres ou ont été membres du Conseil d'analyse économique (CAE) crée par Lionel Jospin, en 1997, lequel a pour mission d'«éclairer, par la confrontation des points de vue et des analyses, les choix du gouvernement en matière économique».
 
Je crois que ces brefs rappels sont suffisamment clairs pour reconnaître à l’ancien premier ministre une influence majeuredans le développement et la promotion de la recherche et du débat en économie.
 
Je me souviendrai également longtemps de ma participation, en tant qu’auditeur, à un colloque du CEPII au cours de l’année scolaire 19999-2000 qui s’était clôturé par l’intervention de Raymond BARRE. Avant son intervention, mes préjugés plutôt négatifs me rendaient méfiant. J’étais impatient que se termine l’intervention d’un dirigeant politique, forcément adepte de la langue de bois… Mais, je me suis dit, attendons et écoutons. J’ai écouté, attentivement,… et in fine, j’ai été impressionné et très intéressé par le contenu du discours de Raymond BARRE sur l’économie française et l’économie mondiale.
 
Il a fait preuve d’un grand recul théorique et empirique sur des questions complexes. Quelle capacité assez rare avait-il de pouvoir capter l’attention de ceux qui écoutaient. Bref, j’ai passé un bon moment et je suis heureux d’avoir pu écouter ce discours en direct, ce jour là. Il reste aujourd’hui un des plus agréable intervenant que j’ai pu écouter dans les nombreuse conférences, débats, colloques, … auxquels j’ai pu assister depuis des années.
 
Démocratie, débat et pluralisme
 
Je souhaite donc adresser un grand merci à ce dirigeant politique qui a souhaité et qui a œuvré activement pour développer la recherche en économie en France, afin d’y favoriser le débat en améliorant la diffusion de la culture économique.
 
J’espère que les dirigeants actuels ne détruiront pas ces organismes, et d’autres, qui contribuent aujourd’hui à nous fournir une information de qualité sur le fonctionnement de l’économie et de la société. Bravo également à Lionel JOSPIN pour avoir crée en 1997 le Conseil d’analyse économique(CAE), qui est sans équivalent en France et qui produit des rapports d’une grande qualité sur des sujets au cœur de l’actualité économique et sociale.
 
La libre discussion a besoin de recherches produites et diffusées par ces organismes et la démocratie ne peut s’en passer.
 
Pour conclure, je vous propose également quelques extraits d’une interview qu’avait accordé Raymond BARRE au journal le FIGARO, le 10 juin 2002. Vous pourrez trouver l’intégralité de cette interview ici :
 
 
 
Raymond Barre
 
«Il manque une pédagogie nationale»
Le Figaro, le 10 juin 2002
Propos recueillis par M.-L. B.
 
Les Français ont-ils selon vous un niveau de culture économique plus faible que celui de leurs voisins ?
 
Je le pense. J'y vois trois raisons. D'abord, les Français n'ont jamais considéré qu'une activité économique, notamment celle de l'entreprise, était essentielle. (..) De plus, ils croyaient à l'efficacité des contrôles par l'Etat. Enfin, les Français se sont longtemps peu intéressés à la façon dont les économies étrangères s'adaptaient au changement du monde.
 
Ce défaut d'adaptation persiste-t-il aujourd'hui ?
 
Bien sûr. On le voit notamment dans l'organisation des relations sociales et dans les règles de plus en plus complexes qui empêchent les ajustements indispensables aux entreprises. (… )
 
Comment améliorer la pédagogie en la matière ?
 
(…) Je comprends les mouvements de protestation des étudiants d'économie en juin 2000 sur l'abondance de mathématiques et salue le rapport de Jean-Paul Fitoussi sur le sujet.
 
Certains reprochent à la France son approche trop théorique de l'économie, contrairement aux Etats-Unis par exemple. Partagez-vous ce point de vue ?
 
On ne peut opposer ces deux approches. (…) Il faut toujours avoir le souci de combiner l'analyse théorique de base, l'histoire des idées économiques et celle des faits à partir desquels s'élaborent les politiques économiques. C'est ce qui, à mon sens, a fait le succès de mes ouvrages.
 
Est-ce la raison qui vous a conduit à créer des instituts indépendants ?
 
En fait, j'avais été frappé lors de mes voyages à l'étranger par le rôle des instituts orientés vers une étude objective et indépendante des problèmes de l'économie mais aussi de la politique étrangère. A Matignon, j'ai donc décidé, avec mon ami Jean-Claude Casanova, de mettre en place, au côté de l'Institut français des relations internationales, trois instituts d'économie : l'Office français des conjonctures économiques (OFCE), de type universitaire, Rexecode, proche du patronat et l'Institut de recherche économique et sociale (Ires), au service des syndicats. Ainsi la diversité des points de vue a été prise en compte alors que l'Insee disposait jusqu'à là d'une sorte de monopole.
 
La dernière phrase est vraiment lourde de sens. Je partage totalement ce point de vue et je l’ai déjà exprimé à plusieurs reprises, dans différents billets rappelés ci-dessous.
 
 
A consulter
 
 
 
CEPII Centre d'Études Prospectives et d'Informations Internationales
 
OFCE
 
Coe-Rexecode
 
CAE Conseil d’analyse économique
 
CAS Centre d’analyse stratégique
 
IRES 
Institut de recherche économique et sociale
 
 
 
 
 

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