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David Mourey

  • : Démocratie Economie et Société
  • : David MOUREY Professeur d'Economie Auteurs de nombreux ouvrages d'économie chez De Boeck Fondateur des « Rencontres économiques » depuis 2005.« Rencontres économiques lycéennes » et « Rencontres économiques citoyennes »à Pontault-Combault depuis 2005 ! Fondateur des« Rencontres économiques » à Paris depuis 2008 !
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4 avril 2007 3 04 /04 /avril /2007 18:24
Ce n’est pas la première fois, ni peut-être la dernière, que j’aborde la question du chiffrage des programmes des candidats à l’élection présidentielle. Je vous renvoie donc, dans un premier temps, aux articles suivants :
 
 
C’est une question qui me parait essentielle dans la mesure ou elle sera désormais, à n’en pas douter, au cœur des débats lors des prochaines échéances électorales.
 
Qu’on soit pour ou contre cet exercice, qu’on adopte une position nuancée sur ce problème ou pas, on devra probablement prendre en compte ces chiffrages.
 
Le choix de l’Institut de l’entreprise (IDE) de chiffrer les programmes n’est pas anodin et n’a pas laissé indifférent les économistes. Il suffit de voir la réaction que cela a suscité du côté de l’OFCE et notamment de la part de Jean-Paul Fitoussi.
 
Dans leur texte, « Manifeste contre une déontologie en rase campagne », Jean-Paul Fitoussi et Xavier Timbeau condamnent, sans détours, le principe même du chiffrage. et condamnent, sans détours, le principe même du chiffrage.
 
Ce texte de l’OFCE publié le 23 février n’a pas non plus laissé indifférent. En particulier, les membres de l’IDE et les défenseurs de la cellule de chiffrage de Débat 2007 ont vivement réagi à ce texte. En effet, la réaction de Jean-Pierre Boisivon et Jean-Marc Daniel dans « Le Monde Economie » daté du mardi 06 mars 2007, en dit long sur leur mécontentement. les membres de l’IDE et les défenseurs de la cellule de chiffrage de Débat 2007 ont vivement réagi à ce texte. En effet, dans « Le Monde Economie » daté du mardi 06 mars 2007,
 
Les économistes de l’OFCE ne devraient pas se contenter de critiquer, de dénoncer. Ils devraient s’efforcer d'expliquer davantage, en participant activement au débat. Pour Jean-Pierre Boisivon et Jean-Marc Daniel, l’OFCE fuit le débat démocratique, ce qui est un comble pour un organisme qui a justement été crée pour alimenter le débat démocratique en toute indépendance., ce qui est un comble pour un organisme qui a justement été crée pour alimenter le débat démocratique en toute indépendance.
 
La mise au point de l’IDE est directe. On attend désormais les réactions éventuelles de Jean-Paul Fitoussi et Xavier Timbeau. Le débat reste ouvert sur l’opportunité du chiffrage des programmes de candidats à l’élection de présidentielle. Excès de prudence des unes ou manque de précaution des autres ? Peut-on apporter une réponse strictement économique à ce débat entre les l’IDE et l’OFCE ?
 
Avec Michel Pébereau, la question du chiffrage revient sur le devant de la scène des débats. Il suffit, pour s’en convaincre de lire ce qu’il en dit dans les colonnes du journal « Le Figaro » daté du 31 mars 2007.daté du
 
Dans un article intitulé « Michel Pébereau n'a pas renoncé à sa croisade contre la dette », le journaliste nous explique que le président de BNP-Paribas « ne rate jamais une occasion pour marteler son message sur la nécessaire remise en ordre des finances publiques. » « Depuis le début de la campagne, Michel Pébereau multiplie les initiatives. »
 
Concernant le chiffrage du coût des programmes présidentiels par l'institut de l'entreprise qu'il préside, Michel Pébereau affirme qu’ « il était essentiel que l'opinion publique comprenne que quand elle demande quelque chose à l'État, cela a un coût, tout comme il était utile de pousser les candidats à lever d'éventuelles ambiguïtés et à hiérarchiser leurs priorités. »
 
En ce qui concerne la position de l'OFCE insistant « sur le non-intérêt de chiffrer les programmes, il rejette les critiques » : « L'économie est la gestion de la rareté : connaissez-vous des ménages qui s'engagent dans une dépense avant de la chiffrer ? » Pour lui, il y va de la solidarité intergénérationnelle.
 
« On ne peut plus laisser à nos enfants des dettes générées par nos dépenses de tous les jours, de santé ou de services administratifs. » ajoute le président de l’IDE.
 
Pourtant satisfait que les finances publiques occupent le devant de la scène des débats, Michel Pébereau stigmatise l'absence d'autres questions majeures :
 
« Il faut dire comment on réforme l'assurance-maladie et nos régimes de retraite, comment on renforce la compétitivité de la France et ce que l'on fait pour rénover l'appareil d'éducation et de recherche pour assurer l'égalité des chances de tous les Français. »
 
Et, il tient à rappeler que toutes ces propositions figurent dans son dernier ouvrage : » C'est possible ! Voici comment..., » cosigné avec Bernard Spitz.
 
Les points de vue de Daniel Cohen et de Jean-Pisani Ferry sur cette question du chiffrage des programmes.
 
Dans un Chat avec Daniel Cohen, « Quelles réformes pour 2007 ? », organisé le 20 mars 2007 par l’IDE et disponible sur le site, l’économiste qui est professeur à l'Ecole Normale Supérieure et directeur du CEPREMAP, a donné son point de vue sur cette question épineuse.
 
A la question : «  La question de la dette et des déficits publics a été mise sur l'avant de la scène politique par la cellule de chiffrage de Débat 2007.fr. Les économistes de l'OFCE ont largement critiqué cette approche qu'ils jugent, entre-autre, figée (pas de prise en compte des effets sur la croissance et l'emploi...). Quelle est votre position ? »
 
Daniel Cohen répond :
 
« Ma position est simple : cet exercice est très utile. Si on ne prenait pas le temps de chiffrer ces propositions et de proposer ce chiffrage comme un élément du débat, si le coût des propositions ne faisait pas partie du débat public, ce serait la porte ouverte à toutes les démagogies. Rien n'interdirait à un candidat de promettre la lune, c’est-à-dire par exemple de baisser les impôts de moitié et de doubler les dépenses. Il est très important de disposer d'un « ground zero » du débat, qui est, avant toute interprétation : « combien ça coûte ? ».
Ayant dit cela, il serait évidemment ridicule de s'en tenir là. Ou alors celui qui ne proposerait rien serait aussi considéré comme le plus méritant. Il faut donc ensuite un débat contradictoire qui permette d'expliquer les effets attendus de leurs mesures, à charge pour les économistes et les « modélisateurs » d'apprécier la validité qualitative et quantitative des raisonnements proposés par les candidats. »
 
A une autre question portant sur les chiffrages proposé par l’insitut COE-Rexecode qui a emboité le pas à l’IDE:  « Que pensez-vous du chiffrage "dynamique" des programmes de Rexecode ? »
 
Daniel Cohen répond :
 
« Le premier point, c'est que cette estimation, comme celles qui vont être soumises par d'autres instituts, sera forcément beaucoup plus contestable. Les estimations dynamiques sont utiles mais par définition contingentes. Alors que la première étape, elle, doit pouvoir faire l'objet d'un consensus. L'évaluation de Rexecode s'appuie sur un modèle d'inspiration néoclassique, au sens où il privilégie les effets de coût et de profitabilité ; il néglige de ce fait les effets qualitatifs d'un certain nombre de mesures. Par exemple, proposer de sécuriser les trajectoires professionnelles, comme le fait Ségolène Royal, à l'image de ce que fait le Danemark, peut entraîner une dynamique sociale a priori extrêmement difficile à quantifier. Les conditions de réussite d'une telle mesure vont dépendre de paramètres a priori non quantifiables, comme la façon de réinsérer les chômeurs et d'éviter les effets d'aubaine liés à une indemnisation plus généreuse du chômage. On est là au cœur de controverses passionnantes mais difficilement quantifiables. »
 
La position de Daniel Cohen à l’égard du chiffrage parait fortement nuancée. Il nous dit que cela est utile et même nécessaire, mais qu’il faut raison garder. Autrement dit, il ne faut pas perdre de vue les conditions dans lesquelles sont établies ces chiffrages afin de ne pas en tirer des conclusions abusives et erronées. Cette précaution ressemble, finalement, beaucoup aux réserves formulées par Jean-Paul Fitoussi et l’OFCE.
 
Sur Telos, Jean Pisani-Ferry a proposé, le 20 février 2007, une article intitulé « Présidentielles le chiffrage pour les nuls »
 
Jean Pisani-Ferry nous soumet un petit kit de chiffrage pour citoyens désorientés.
 
« Une semaine de débat sur le chiffrage des projets des candidats n'a pas apporté beaucoup de lumière. Il se trouve même des politiques et des économistes pour en contester le principe, au nom de l'idée qu'on ne peut réduire l’ambition présidentielle à la froide logique des comptables. En France ou ailleurs, l'argument a déjà beaucoup servi, généralement comme alibi à des promesses intenables. Pourtant, il n'est pas si difficile de se donner des repères dans la jungle de chiffres. C'est au moins ce que suggère un petit kit de chiffrage pour citoyens désorientés. »
 
A partir de calculs simples relatifs à la croissance du PIB, aux prélévements obligatoires et aux dépenses, l’auteur tire les conclusions suivantes :
 
« Cette évaluation n’implique pas non plus que rien n’est possible. Elle indique seulement que pour dégager des marges de manœuvre supplémentaires, il ne suffit pas de prôner une gestion rigoureuse. »
 
« Ce que les électeurs sont en droit d’attendre des candidats est d’abord qu’ils disent clairement comment ils entendent allouer les 25 milliards disponibles entre dépenses nouvelles, baisses de prélèvements et désendettement et ensuite, s’ils veulent aller plus loin, qu’ils définissent précisément les gisements d’économies qu’ils entendent exploiter, par quelles mesures, et pour quel rendement. A moins, et ce ne serait pas honteux, qu’ils considèrent nécessaire d’augmenter les prélèvements pour financer leurs priorités. »
 
« L’enjeu d’une élection présidentielle, dira-t-on, est d’une autre nature. Il s’agit de diagnostic et d’orientation, de vision, de valeurs. Certainement. »
 
« Mais alors, pourquoi les candidats ont-ils eux-mêmes ouvert le grand livre des promesses ? Personne ne les y forçait. »
 
« Maintenant qu’ils l’ont fait, il faut bien qu’ils passent au chapitre des moyens et répondent à des questions simples : veulent-ils réduire les prélèvements, et de combien ? veulent-ils réduire la dette publique, et de combien ? quelles nouvelles dépenses inscrivent-ils à leur programme ? Par quelles économies entendent-ils les financer ? »
Jean Pisani-Ferry est directeur de Bruegel (Bruxelles), centre de recherche et de débat sur les politiques économiques européennes.
 
Jean Pisani-Ferry adopte une position favorable au chiffrage. Pour autant, son opinion est également modérée dans la mesure ou il considère que le programme le moins coûteux n’est pas, ipso facto, le meilleur.
 
Vous trouverez l’intégralité de l’article de Jean Pisani-Ferry ici :
 
 
 
Chat avec Daniel Cohen, « Quelles réformes pour 2007 ? », 20 03 2007
 
 
OFCE : Pourquoi nous ne chiffrerons pas les programmes présidentiels
Manifeste contre une déontologie en rase campagne

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