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David Mourey

  • : Démocratie Economie et Société
  • : David MOUREY Professeur d'Economie Auteurs de nombreux ouvrages d'économie chez De Boeck Fondateur des « Rencontres économiques » depuis 2005.« Rencontres économiques lycéennes » et « Rencontres économiques citoyennes »à Pontault-Combault depuis 2005 ! Fondateur des« Rencontres économiques » à Paris depuis 2008 !
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Le Livre de la Semaine

 

 

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1 septembre 2007 6 01 /09 /septembre /2007 14:01
 
Lundi 27 Août 2007, j’ai posté le billet suivant - Jacques ATTALI Commission pour la libération de la croissance française- pour annoncer la création d’une commission de réflexion présidée par Jacques ATTALI afin de relever durablement le sentier de croissance en France.
Depuis, cette information a été largement diffusée par des quotidiens nationaux et des économistes via leur blog.
 
C’est Olivier BOUBA-OLGA qui s’est montré le plus disert sur la question dans plusieurs billets successifs que j’ai d’ailleurs commenté.
 
Sur le blog d’ Olivier BOUBA-OLGA, dans les billets suivants, Libération de la croissance, Jacques Attali fait l'économie des économistes et Attali toujours, vous pourrez lire les nombreux échanges auxquels ont donné lieu deux types de commentaires sur cette commission : la place des économistes est remise en question ainsi que les justifications par Jacques ATTALI de la présence d’un Psy dans sa commission.
 
Positive attitude et croissance
 
On apprend notamment que Jacques Attali a expliqué que l’«un des principaux freins à la croissance française, c'est que la France n'est pas gaie, et un psychiatre mieux que personne peut nous expliquer pourquoi la France n'est pas gaie». 
Voilà ce qu’en dit Boris Cyrulnik, psychiatre et membre de la commission Attali, dans une interview récente. Il admet très clairement : «  Je ne connais rien à l’économie, mais je pense qu’il y a des structures sociales qui encouragent ou découragent le fait de se lancer dans la vie et d’entreprendre. De s’entreprendre. Il y a des blocages psychologiques et psychosociaux. » Il ajoute plus loin : «  Les nouvelles manières de travailler et de vivre ensemble provoquent de plus en plus des souffrances psychologiques, qu’on ne peut pas toutes soigner à coups de médicaments. On vit dans une société de la performance, une économie de la hiérarchie. Si on n’est pas en haut, on est humilié. Une institution, une entreprise qui ne permet pas d’évoluer, c’est de la perversion ». Enfin, « On éprouve le désir d’explorer, de s’aventurer, d’oser que si on a une base de sécurité, un projet d’existence, y compris dans le cadre de sa scolarité, de sa famille comme de son travail. Sinon, on tue le plaisir. Et on érode la confiance. »
 
Sa conclusion est qu’il faut changer les structures sociales afin que celles-ci encouragent l'envie d’entreprendre.
 
Tout cela parait bien évident, et les économistes, mais pas seulement eux, les savent depuis longtemps. La croissance économique dépend du dynamisme de ses unités de production au premier rang desquelles on trouve les entreprises. Si les entreprises, considérées dans leur globalité, ne croissent pas, il ne peut y avoir de croissance soutenue et durable.
 
L’esprit d’entreprise, l’esprit d’entreprendre, au sens de prendre des risques en pariant sur l’avenir est indispensable. Joseph SCHUMPETER, un des plus grands économistes du 20ème siécle, a montré clairement qu’à la base de la dynamique d’une économie capitaliste, il y a des entrepreneurs-innovateurs capables de prendre de grands risques…
 
Selon Joseph SCHUMPETER, «L'impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d'organisation industrielle - tous éléments créés par l'initiative capitaliste » et « Le rôle de l'entrepreneur consiste à réformer ou à révolutionner la routine de production en exploitant une invention ou, plus généralement, une possibilité technique inédite »
 
Selon la théorie de la croissance de SCUMPETER, sans entrepreneurs-innovateurs, pas d’innovation et sans innovation, pas de croissance. Il convient donc de stimuler l’envie d’entreprendre et d’innover. Les conditions de la confiance en l’avenir sont donc requises car c’est d’une sorte de comparaison entre les risques pris et la confiance en la réussite (réalisation de gains) de l’opération que va dépendre la décision.
 
« Des gains impressionnants, beaucoup plus élevés qu'il n'aurait été nécessaire pour provoquer tel ou tel effort spécifique, sont jetés en pâture à une faible minorité de gagnants et, du même coup, impriment une impulsion beaucoup plus puissante que ne l'aurait fait une répartition plus égalitaire et plus "juste" à l'activité de la grande majorité des hommes d'affaires qui, en retour de leurs initiatives, ne reçoivent qu'une rémunération très modeste, sinon rien ou moins que rien, mais qui néanmoins s'évertuent au maximum parce qu'ils ont les yeux constamment fixés sur les gros lots et surestiment leurs chances de réussir aussi bien que les gros gagnants. De même, les sanctions du système sont dirigées contre l'incompétence. Mais, bien que les hommes non qualifiés et les méthodes désuètes soient effectivement éliminés (...), la faillite menace également ou même engloutit plus d'un homme capable et, par suite, ce risque immanent tient en haleine tous les entrepreneurs et agit, à son tour, beaucoup plus efficacement que ne le ferait un système à pénalités plus égalitaire et plus "juste" »
 
Plus tard, John MAYNARD KEYNES, autre grand parmi les grands, a aussi montré que la confiance jouait un rôle fondamental en matière de dynamique économique, en particulier en matière d’investissement. Il avait insisté sur le rôle des « esprits animaux », c'est-à-dire sur l’influence de l’irrationnel dans l’esprit des investisseurs qui cherchent à « connaître l’avenir » avant de se décider à investir ou pas. Les conditions de la confiance en l’avenir sont donc encore une fois requises.
 
Plus tard encore, Franck KNIGHT a expliqué qu’il ne fallait pas confondre risque et incertitude. Le risque est probabilisable, il peut être calculé et donc la prise de risque peut être portée par des éléments de choix rationnels. En revanche, l’incertitude n’est pas le risque, elle n’est pas probabilisable. L’incertitude implique qu’on ne sait pas et qu’on ne peut savoir, tout simplement. Dans ce cadre, la confiance devient un élément clé de la décision économique engageant l’avenir et, in fine la croissance économique.
 
Mais s’il est souhaitable et indispensable de favoriser l’occurrence des conditions de la confiance en l’avenir, je ne comprends encore en quoi les apports d’un psy, dans une commission de réflexion sur les ressorts de la croissance économique, permettront d’atteindre l’objectif visé.
 
A ma connaissance, les Psy peuvent aider des personnes, individuellement, à rependre confiance, à être plus gais… . Mais dans quelle mesure une thérapie de groupe à grande échelle est-ellle susceptible de redonner gaîté et confiance en l’avenir aux millions d’unités économiques qui composent la base microéconomique de la croissance, au niveau macroéconomique ?
 
Sur la place des économistes
 
L’autre grande question soulevée par la composition de la commission de Jacques ATTALI est celle de la place qu’occupent les économistes dans celle-ci.
 
Dans un premier billet rappelé plus haut, - Jacques ATTALI Commission pour la libération de la croissance française-j’avais proposé un tableau simple, certes discutable, mais utile pour essayer d’y voir plus clair. -j’avais proposé un tableau simple, certes discutable, mais utile pour essayer d’y voir plus clair.
 
A l’instar d’Olivier Bouba-Olga, « ce n'est pas le nombre d'économistes qui me pose un problème en soi, ce sont les propos de Jacques Attali sur les économistes.  Le nombre retenu en étant sans doute en retour une conséquence » du mépris que semble éprouver Jacques ATTALI.
 
On peut comprendre ce point en lisant sur le blog de Jacques ATTALI ce qu’il pense des économistes : « 29 août 2007, A quoi sert un économiste?. »
 
« Depuis qu’elle existe, la République sut faire, dans ses gouvernements, le meilleur usage de ses professeurs. (..) Paradoxalement, les seuls enseignants rarement appelés à diriger des administrations sont ceux dont la discipline aurait du justifier qu’on les attendent au premier rang: les professeurs d’économie. De fait, leur réputation est sulfureuse et chacun les considère au mieux comme des experts aussi doués que les météorologues et au pire comme des rebouteux. Et, comme le disait très justement (…) Kenneth Boulding, ““Un économiste est un expert qui saura parfaitement vous expliquer demain pourquoi ce qu'il a prévu hier ne s'est pas passé aujourd'hui »
 
En fait, on lit plus loin, qu’à part Raymond Barre et Dominique Strauss Kahn « les économistes sont cantonnés dans des postes d’experts, dans les banques ou les administrations. Les meilleurs d’entre eux partent par wagons entiers enseigner dans les universités américaines … ». Il reconnaît pourtant que ceux-ci n’ont rien apporté ou peu à la théorie économique. Or qu’est-ce qu’une théorie, si ce n’est un outil pour comprendre ?
 
Plus loin, Jean-Paul FITOUSSI rappelle qu’ « il ne faut pas jeter l’anathème sur une profession (…) Ces arguments ne sont ni très convaincants, ni très scientifiques.».
 
Puis citant, à peu prés, KEYNES qui disait que : «Généralement, les hommes politiques ou les technocrates sont victimes de la pensée d’un écrivailleur universitaire défunt il y a quelques décennies». Sans commentaires ! ?
 
Un paradoxe pour le Président
 
Un autre paradoxe « présidentiel » apparaît ici : la mise en place de cette commission avait été annoncée et souhaitée par le Président de la république Nicolas Sarkozy le 20 juin. Dans le même temps, le Président de la république aréuni autour de lui un mini conseil d’économistes pour le guider dans ses choix économiques. 
. 
 
A consulter
 
Le site de la comission : www.liberationdelacroissance.fr
 
Le blog d'éconoclaste
Par SM, vendredi 31 août 2007
 
 
 
 
 
Le blog de Jacques ATTALI
 
 
Le site de Jacques Attali
 

commentaires

O
Le problème d'attali c'est qu'il n'est pas économiste, mais ne semble pas non plus un gestionnaire en regard de ses performances à la berd. Finalement, quelle est son expertise ,
Répondre
D
En résumé, c'est la question. Quelle est la qualité scientifique de l'expertise de l'"économiste" ATTALI ?  Il ne s'agit pas de dire qu'il n'y comprend rien, mais au nom de quel principe objectif peut-il justifier son mépris affiché des économistes ? Qu'on ne vienne pas me raconter que l'économie est une science molle par rapport aux sciences dures comme la physique, surtout. Il suffit de voir les débats sans fins entre physiciens, astrophysiciens,.., pour tenter de rapprocher les explications sur l'infiniment grand et l'infiniment petit. Là aussi, les conclusions peuvent diverger radicalement, comme en économie. La rhétorique d'ATTALI peut faire mouche parce que malheureusement elle finit par s'appuyer sur des croyances collectives. Et puis, si on suit certains "raisonnements" d'ATTALI, les conclusions de Claude Allègre sur le réchauffement climatique valent autant que celles de la plupart des scientifiques respectés par leurs pairs, non ? Ah, mais j'allais  oublier, Claude Allègre a pratiqué la politique, donc il sait mieux de quoi il parle !!!  <br />  <br /> <br />  

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