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David Mourey

  • : Démocratie Economie et Société
  • : David MOUREY Professeur d'Economie Auteurs de nombreux ouvrages d'économie chez De Boeck Fondateur des « Rencontres économiques » depuis 2005.« Rencontres économiques lycéennes » et « Rencontres économiques citoyennes »à Pontault-Combault depuis 2005 ! Fondateur des« Rencontres économiques » à Paris depuis 2008 !
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Le Livre de la Semaine

 

 

Texte Libre

 

5 mars 2007 1 05 /03 /mars /2007 20:24
La question du chiffrage est toujours en débat.
J’en veux pour preuve une réaction publiée ce jour dans « Le Monde Economie ».
 
 
Le texte de l’OFCE publié le 23 février n’a pas laissé indifférent les membres de l’IDE et défenseurs de la cellule de chiffrage de Débat 2007.
 
 
En effet, la réaction de Jean-Pierre Boisivon et Jean-Marc Daniel dans « Le Monde Economie » daté du mardi 06 mars 2007, en dit long sur leur mécontentement.
 
Dans leur texte, « Manifeste contre une déontologie en rase campagne », Jean-Paul Fitoussi et Xavier Timbeau condamnent, sans détours, le principe même du chiffrage.
 
Pour eux, « Le terme même de « chiffrage » est significatif, sa connotation étant davantage comptable qu’économique. » et ce terme illustre un « glissement sémantique » qui «  n’est pas innocent car il tend à véhiculer auprès de l’opinion publique l’idée qu’une arithmétique des programmes politiques est possible, et que parce qu’il s’agit d’argent public, le moins coûteux d’entre eux serait le plus efficace. »
 
Ils soutiennent que cette méthode est trompeuse et contraire à toute déontologie économique. De nature strictement comptable, elle peut être nuisible à l’investissement, susceptible de préparer un avenir plus prospère, en attirant exclusivement l’attention des citoyens sur les coûts présents de l’investissement mais en omettant d’évoquer et d’estimer la rentabilité future, éventuelle.
 
« C’est la raison pour laquelle les économistes ne parlent pas de chiffrage, mais d’évaluation des programmes politiques. » affirment Jean-Paul Fitoussi et Xavier Timbeau.
 
Jean-Pierre Boisivon et Jean-Marc Daniel n’acceptent pas qu’on puisse dire que « les économistes qui chiffrent ou cautionnent les chiffrages trahissent leur mission » et « ont un comportement déontologiquement contestable ».
 
Ils expriment clairement leur désaccord et ils qualifient le texte de l’OFCE de « tendancieux » dans la mesure ou il donnerait une vision erronée, et « tendancieuse de la démarche qui inspire le chiffrage » et parce qu’ils attribuent aux chiffreurs « des intentions et des ambitions qu'ils n'ont pas. »
 
Ils affirment que les chiffrages proposés par Débat 2007 et l’IDE ne disent pas que le programme « le moins coûteux serait le plus efficace ». D’ailleurs, la cellule de chiffrage s’est bien gardée de porter des jugements de valeur sur les chiffrages effectués. « Aucun (…) commentaire sur la pertinence de la dépense » n’a été formulé. Le chiffrage ne donne aucune indication sur le bien-fondé éventuel d’une quelconque mesure.
 
Selon Jean-Pierre Boisivon et Jean-Marc Daniel, « La critique ultime est que le chiffrage ne donnerait qu'une vue incomplète de la réalité. » selon l’OFCE. Ils jugent cette critique insultante dans la mesure ou elle consisterait à « laisser croire » que les chiffreurs ne le savent pas.
 
Les chiffreurs de Débat 2007 savent, fort bien, qu’en économie il est plus facile de connaître les coûts présents que les rendements futurs. Ce n’est pas, cependant, une raison pour renoncer à chiffrer ce qui peut l’être. En savoir un petit peu, en toute connaissance de l’ampleur de l’ignorance, est mieux que ne rien savoir du tout. Ce n’est pas en ignorant les coûts présents qu’on évitera de « sacrifier l'avenir au présent ».
 
Puisque tout le monde est d’accord pour reconnaître que « l’investissement est la clé de la croissance présente et future », il ne peut être inutile de s’interroger sur les coûts présents des investissements envisagés car le coût reste un déterminant fondamental de la rentabilité, nous expliquent Jean-Pierre Boisivon et Jean-Marc Daniel.
 
On pourrait leur répondre que la rentabilité dépend également du carnet de commande, futur et incertain…..
 
Enfin, le chiffrage apporte pour ses défenseurs du grain à moudre, de l’eau au moulin du débat démocratique. Le chiffrage oblige les candidats à s'expliquer plus clairement et contribue à proposer davantage d'informations aux citoyens et électeurs.
 
Les économistes de l’OFCE ne devraient pas se contenter de critiquer, de dénoncer. Ils mais devraient s’efforcer d'expliquer davantage, en participant activement au débat. Pour Jean-Pierre Boisivon et Jean-Marc Daniel, l’OFCE fuit le débat démocratique, ce qui est un comble pour un organisme qui a justement été crée pour alimenter le débat démocratique en toute indépendance.
 
La mise au point de l’IDE est directe. On attend désormais les réactions éventuelles de Jean-Paul Fitoussi et Xavier Timbeau. Le débat reste ouvert sur l’opportunité du chiffrage des programmes de candidats à l’élection de présidentielle.
Excès de prudence des unes ou manque de précaution des autres ?
Peut-on apporter une réponse strictement économique à ce débat entre les l’IDE et l’OFCE ?
Si quelqu’un peut apporter quelques éléments de réponse, qu’il n’hésite pas.
 
 
 
 
 
 
 
 
« Le Monde Economie »
Mardi 6 mars 2007
Chiffrage et déontologie
La réponse des experts de l'Institut de l'entreprise
au
Manifeste de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE)
 
Jean-Pierre Boisivon
professeur émérite à l'université Paris-II-Panthéon-Assas et délégué général de l'Institut de l'entreprise
Jean-Marc Daniel
professeur à l'ESCP-EAP et directeur de la revue Sociétal
 
 
 
 
Jean-Paul FITOUSSI et Xavier Timbeau
- clair & net@ofce -vendredi 23 février 2007
Pourquoi nous ne chiffrerons pas les programmes présidentiels
Manifeste contre une déontologie en rase campagne
4 mars 2007 7 04 /03 /mars /2007 20:32
Aujourd’hui dans l’émission « Arrêt sur images » sur France 5Daniel Schneiderman a proposé un débat sur le chiffrage des programmes des candidats à l’élection présidentielle.
 
« Présidentielle la guerre des calculettes »
dimanche 4 mars 2007
 
Invités : Jean-Pierre Boisivon, délégué général de l'Institut de l'entreprise.
Xavier Timbeau, Directeur au Département Analyse et Prévision de l’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Economiques)
 
 
Je vous propose ci-dessous un compte-rendu de ce court débat, au cours duquel les questions centrales ont à peine été effleurées.
 
Dette publique, investissement public et dépenses de fonctionnement
 
Selon Jean-Pierre Boisivon, il faut sensibiliser les français au problème de la dette publique par tous les moyens. Il y a un lien étroit entre la nécessité de chiffrage ex-ante des programmes des candidats et endettement public. Et c’est justement parce que les chiffres sont si élevés qu’il faut insister.
 
Xavier Timbeau remarque qu’on peut faire peur aux français en agitant de tels chiffres dans les medias, mais il se demande pourquoi on ne présente pas en parallèle les chiffres concernant l’actif de l’Etat.
 
La dette par habitant apparaît aux deux contradicteurs comme étant un indicateur assez « pertinent » dans la mesure ou il est plus facile pour chacun de nous de percevoir l’ampleur de la dette publique sous cet angle (20 000 euros de dette par habitant environ), quand le montant global de cette dette oscille entre 1,2 et 2 milliards d’euros.
 
Néanmoins, Xavier Timbeau affirme qu’il conviendrait de donner un grand frère à cette donnée car en comparaison de l’actif moyen par habitant (environ 200 000 euros), la dette par habitant est 10 fois plus faible. Autrement dit, si chaque nouveau né se trouve immédiatement endetté à hauteur de 20 000 euros, il se trouve simultanément « propriétaire » de 200 000 euros d’actif.
 
Jean-Pierre Boisivon conteste cette comparaison en remarquant que le patrimoine de l’Etat ne doit pas servir à rembourser la dette. Xavier Timbeau partage ce point de vue, mais il montre que cette comparaison permet de conférer une ampleur plus raisonnable et plus réaliste à la dette publique.
 
Pour Jean-Pierre Boisivon, le problème essentiel provient de la contrepartie de cette dette. S’agit-il de dépenses courantes, de fonctionnement, ou de dépenses d’investissement pour préparer l’avenir ?
Si l’endettement se traduit par de l’investissement, cela est admissible mais en France ce n’est pas assez le cas. La France serait dans la situation d’un ménage qui emprunterait pour payer son loyer et non pas pour payer les mensualités d’un endettement en vue de devenir propriétaire de son logement. Pour lui, la part des dépenses courantes est bien trop élevée relativement à la part des dépenses d’investissement.
 
Xavier Timbeau admet que cette question est au cœur du débat mais il souligne d’une part, que la France dispose d’un formidable capacité à emprunter à des taux d’intérêt très bas pour investir vers l’avenir, ce qui représente une opportunité, et il ajoute d’autre part, qu’une bonne moitié des dépenses de fonctionnement en direction des fonctionnaires de l’éducation nationale (versement des salaires aux fonctionnaires) pourrait être comptabilisée en investissement tant ce qui se passe à l’école relève de l’investissement collectif et de la préparation de l’avenir des générations présentes et futures.
 
Jean-Pierre Boisivon objecte que nulle part les règles comptables ne permettent de comptabiliser une partie des salaires des fonctionnaires en investissement.
 
Sur le chiffrage des programmes lui-même, Jean-Pierre Boisivon reconnaît que ce qui importe, c’est moins le montant du coût que ce que les mesures mises en oeuvre rapporteront ex-post. Mais il observe que Xavier Timbeau critique le chiffrage de Débat 2007 qui ne présente aucun chiffrage des recettes sans en proposer un dans le cadre de l'OFCE.
 
Xavier Timbeau considère qu’il est impossible d’avoir des certitudes, en particulier en matière de recettes et explique qu’il ne faut pas confondre ce type de chiffrage avec les évaluations que peut proposer l’OFCE dans d’autres circonstances car une évaluation s’accompagne d’un ensemble d’hypothèses clairement énoncées dans un papier signé par son auteur. Il reconnaît qu’il faut bien distinguer les dépenses qui peuvent rapporter quelques chose de celles qui ne rapportent rien.
 
Impartialité, objectivité du chiffrage?
 
Enfin, la question de l’impartialité, de l’objectivité, des membres anonymes de la cellule de chiffrage de Débat 2007, dépendant de l’IDE, est abordée.
 
Pour Jean-Pierre Boisivon, Débat 2007 est une organisation totalement non partisane. La cellule de chiffrage est composée d’un expert « de droite », d’un expert « de gauche » et d’un expert en comptabilité… Il observe encore qu’on pourrait douter de l’indépendance de l’Ofce qui est financée sur fonds publics.
 
Vous trouverez d’autres éléments relatifs à cette question du chiffrage en suivant les liens ci-dessous.
 
Débat 2007 : l'association des chiffreurs anonymes
 
Bernard Salanié : Chiffrer les programmes ?
 
Jean Pisani Ferry : Présidentielles le chiffrage pour les nuls 20 février 2007
Pourquoi nous ne chiffrerons pas les programmes présidentiels
Manifeste contre une déontologie en rase campagne
Jean-Paul FITOUSSI et Xavier Timbeau, OFCE
http://www.ofce.sciences-po.fr/clair&net-4.htm

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La Cellule de chiffrage de Débat 2007
 
 
Les objectifs
 
La cellule de chiffrage des propositions de campagne mise en place par Débat 2007.fr poursuit trois objectifs :
 
Elle vise d’abord à contribuer au débat public sur les projets politiques qui s’affronteront en 2007, sur la base d’une expertise indépendante. Sa force réside en effet dans son indépendance, vis-à-vis de l’administration comme des partis politiques.
Elle vise également à inciter les candidats à faire preuve de cohérence dans leurs propositions : par exemple, on ne peut pas, simultanément, multiplier les dépenses et s’engager à réduire la dette – sauf à indiquer précisément les économies budgétaires par lesquelles on entend financer les dites dépenses.
Elle vise enfin à inciter les candidats à lever les éventuelles ambiguïtés qui pèsent sur leurs propositions. Par exemple, proposer une "allocation" pour tel ou tel public peut coûter aux finances publiques 300 € par mois par personne concernée si cette allocation est basée sur le RMI, et 1200 € si elle se rapproche du Smic.
 
Son objectif n’est pas de juger les programmes : il s’agit seulement d’apprécier leur coût, pas leur opportunité. Il ne s’agit pas davantage d’inviter les Français à choisir le "moins-disant", c’est-à-dire à voter pour le candidat dont le programme sera le "moins cher" : les élections présidentielles ne sauraient fonctionner sous la forme d'enchères inversées.
 
Les principes de fonctionnement
 
La cellule de chiffrage a vocation à chiffrer les propositions de campagne - autrement dit, dans un premier temps, les déclarations des candidats dans les meetings ou dans la presse ; et dans un second temps, à partir du début 2007, les programmes proprement dit.
 
La cellule considérera les propositions au sens large, c’est-à-dire qu’elle chiffrera également les "ballons d’essai" que les candidats lancent traditionnellement, en général avec certaines précautions oratoires, pour envoyer un signal à destination de telle ou telle partie de l’électorat.
 
La cellule n’a pas vocation à donner "un" chiffre, qui serait "le" chiffre exact qui trancherait enfin les querelles d’experts. Bien souvent ce travail est impossible, en raison de l’ambiguïté des propositions, ou de leur caractère flou. La cellule a vocation en revanche à donner les raisons de ces imprécisions ou de ces ambiguïtés. Elle se livrera ensuite à un travail d’interprétation, en distinguant les différents scénarios possibles, pour aboutir à une fourchette de coût.
 
La cellule de chiffrage est constituée d’une équipe de trois experts, divers par leur profil comme par leur sensibilité, qui sont tous des professionnels de la mécanique budgétaire. Leur anonymat constitue la garantie de leur indépendance.
 
La structure des évaluations
 
Pour chaque évaluation, la cellule fournira quatre types d’informations :
 
le résumé de la proposition, ainsi que sa source exacte ;
son coût budgétaire annuel, mesuré en brut et à la fin de la législature ;
un commentaire présentant le détail des hypothèses sous-jacentes, l’exposé du calcul arithmétique, justifiant l’amplitude d’éventuelles fourchettes et le recours à un "scénario central" ;
une analyse des impacts économiques de la mesure, non réductibles à leur seul coût budgétaire.
 
L'évaluation conduite sera une évaluation économique du coût des propositions, c'est-à-dire qu'elle ira au-delà des conventions de comptabilité nationales lorsque ces dernières ne rendent pas compte de façon transparente du coût réel pour la collectivité (c'est le cas des mesures qui ont pour effet d'augmenter le coût des achats publics, d'imposer des coûts de complexité administrative ou de faire prendre en charge des dépenses par des établissements publics).
 
Les vidéos de la conférence de presse de lancement
 
Visualisez la présentation des raisons et des objectifs de la cellule de chiffrage par Michel Pébereau, président de l'Institut de l'entreprise lors de la conférence de presse de lancement du 28 septembre 2006
 
Visualisez la présentation du fonctionnement de la cellule de chiffrage par Jean-Damien Pô, responsable du site de Débat 2007.fr, lors de la conférence de presse de lancement du 28 septembre 2006.
 
Pour visualiser les interviews vidéos-podcastées, vous devez avoir QuickTime.
 
23 février 2007 5 23 /02 /février /2007 18:00
 
 
 
 
Les avis divergent sur ce qu’il est convenu d’appeler le « chiffrage » des programmes des candidats à l’élection présidentielle. Le choix de l’IDE (Institut de l’entreprise) de proposer sur le site « Débat 2007 », un chiffrage actualisé des diverses mesures des différents programmes est d’un intérêt médiatique évident mais suscite la prudence, voire la méfiance chez des économistes de sensibilités fort différentes.
 
Pour Christian de Boissieu, professeur à l'université Paris-I, et président du CAE, il "est légitime de se poser la question des coûts budgétaire et fiscal d'un programme électoral", mais "c'est un exercice extrêmement périlleux". professeur à l'université Paris-I, et président du CAE, il "est légitime de se poser la question des coûts budgétaire et fiscal d'un programme électoral", mais "".
 
Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS, affirme dans Les Echos que « Ce que fait l'Institut de l'entreprise est bien, mais pas insoupçonnable », et se met à rêver d’un « tribunal des chiffreurs, un groupe transpartisan d'experts indépendants ou de hauts fonctionnaires ». Il ajoute que « L'élection présidentielle est le moment où s'établit un pacte fondateur, aussi, il est légitime et nécessaire d'évaluer les propositions ».
 
Francis Kramarz, chercheur au Centre de recherche en économie et statistique (Crest),  "ne veut même pas les regarder, ces chiffrages...". En effet, "n'importe quel chercheur sait qu'il faut prendre en compte deux cas : la situation telle qu'elle évoluerait sans les mesures ; la situation une fois les mesures réalisées", or le chiffrage est, par définition, statique, et non dynamique.
 
Xavier Timbeau, Directeur du Département analyse et prévision de l’OFCE, dans les« Echos » et Eric Heyer, Directeur adjoint au Département Analyse et Prévision à l’Ofce sont beaucoup plus critiques.
 
Selon Xavier Timbeau, "des experts nous abreuvent de chiffres pour soi-disant éclairer les citoyens, mais leurs calculs ne correspondent pas à la réalité et escamotent entièrement le débat politique". Si, « les programmes énoncent des principes, (…) derrière, des arbitrages seront faits, des négociations seront menées. Qui peut chiffrer par exemple le coût de la sécurité sociale professionnelle que veut mettre en oeuvre Ségolène Royal ? Si vous partez d'emblée avec un projet bouclé, cela veut dire que vous ne laissez aucune place à la négociation ». Il ajoute, « le chiffrage des programmes révèle un autre problème plus profond : les candidats font des projets de société. La contrainte économique jouera ensuite. Quand il s'agit d'arbitrages fondamentaux, la question du coût est secondaire ». , " pour soi-disant éclairer les citoyens, ". Si, « les programmes énoncent des principes, (…) derrière, des arbitrages seront faits, des négociations seront menées. Qui peut chiffrer par exemple le coût de la sécurité sociale professionnelle que veut mettre en oeuvre Ségolène Royal ? Si vous partez d'emblée avec un projet bouclé, cela veut dire que vous ne laissez aucune place à la négociation ». Il ajoute, « le chiffrage des programmes révèle un autre problème plus profond : les candidats font des projets de société. La contrainte économique jouera ensuite. Quand il s'agit d'arbitrages fondamentaux, la question du coût est secondaire ».
 
Enfin, selon Xavier Timbeau, "si l'on part de l'idée que l'on ne peut rien faire tant que l'on n'a pas remis de l'ordre, épongé la dette et réduit les prélèvements, il n'y a pas de projet politique qui tienne. On s'enferme dans le pessimisme et le déclinisme. Mieux vaut se dire que l'on peut changer quelque chose, et que si l'on crée du dynamisme, cela deviendra réalisable. "
 
Pour Eric Heyer, « Le chiffrage est un exercice insatisfaisant. Et il ne faut pas être docteur en économie pour le percevoir. Qu'allez-vous choisir ? Des mesures peu coûteuses mais totalement inadaptées au contexte français ? Ou des dispositifs qui coûtent cher mais qui seront efficaces ?" Il affirme qu’ "On peut toujours calculer l'impact d'une baisse des charges sur un smic à 1 500 euros, ou d'une revalorisation de 5 % du minimum vieillesse. Mais, comment évaluer les effets ex-post ?, «. Et il ne faut pas être docteur en économie pour le percevoir. Qu'allez-vous choisir ? Des mesures peu coûteuses mais totalement inadaptées au contexte français ? Ou des dispositifs qui coûtent cher mais qui seront efficaces ?" Il affirme qu’ "On peut toujours calculer l'impact d'une baisse des charges sur un smic à 1 500 euros, ou d'une revalorisation de 5 % du minimum vieillesse. Mais, comment évaluer les effets ex-post ?
 
" Enfin, quid de "la conjoncture ? Les 110 propositions de François Mitterrand ont été chiffrées en 1981. Mais, en 1983, la situation économique a fait prendre le tournant de la rigueur à la gauche... Que restait-il alors des montants annoncés deux ans plus tôt ?"
 
Dans l’émission « Les Matins » d’Ali Baddou de mardi 20 février 2007 entre 7 h et 9 h, il y eu un débat sur cette question du « chiffrage » entre Nicolas Baverez et Jean-Paul Fitoussi.de mardi entre 7 h et 9 h, il y eu un cette question du « chiffrage »
 
Les quelques échanges ont permis aux deux intervenants d’exposer leur point de vue sur cette question comptable.
 
Selon Jean-Paul Fitoussi, le chiffrage pose un problème déontologique et un problème politique au sens noble du terme. Un problème déontologique car des programmes présidentiels pour être chiffrables doivent être présentés par un premier ministre devant un parlement. Or, pour l’instant, ce n’est pas le cas. La question « combien çà coûte ? » devrait être immédiatement assortie de la question « combien ça rapporte ? ».
 
Le résultat obtenu dépend beaucoup du modèle qu’on utilise pour le chiffrage et des hypothèses que l’on fait sur le fonctionnement de l’économie. Or, on ne débat jamais de ces hypothèses.
Jean-Paul Fitoussi ne croit pas que la France ait un problème de dette publique considérable, pas plus que la moyenne des pays de l’OCDE et à sa connaissance, les pays de l’OCDE ne sont pas en faillite.
 
Il trouve curieux d’attendre des candidats des programmes qui ne coûtent rien car cela revient à attendre d’eux, l’impuissance. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit avec le programme de Lisbonne selon lequel l’économie de l’Union européenne devait devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive du monde, mais à condition que cela ne coûte pas un centime.
 
Pour lui, un programme n’est pas crédible s’il est ambitieux mais sans moyens. Et, si certaines mesures particulières peuvent être chiffrées, on ne peut pas chiffrer un programme, ex ante, sans donner l’illusion à la société qu’elle peut être gouvernée sans instruments. En effet, l’instrument correspond aux moyens d’investir sur l’avenir. Or, sans instrument, cela ne coûte rien, mais cela ne rapporte rien non plus., sans donner l’illusion à la société qu’elle peut être gouvernée sans instruments. En effet, l’instrument correspond aux moyens d’investir sur l’avenir. Or, sans instrument, cela ne coûte rien, mais cela ne rapporte rien non plus.
Il observe que le problème de la méthode des coûts est associé à l’idée que la dette nous étouffe, que la dette va encore augmenter et que l’économie française va être un peu plus étouffée.
 
Cela étant, il est normal de dire qu’il existe une relation entre objectifs et moyens (coûteux) utilisés pour les atteindre. Mais on ne peut pas escamoter le résultat. On ne peut pas s’y retrouver avec tous ces chiffrages. Ce n’est pas un problème de chiffrage en soi, mais d’hypothèses qu’on fait sur le fonctionnement de l’économie.
 
Le « rêve » d’Elie Cohen d’un « tribunal des chiffreurs, un groupe transpartisan d'experts indépendants ou de hauts fonctionnaires » est impossible à atteindre et nous conduirait de surcroît à tomber dans le pire travers européen qui est le technocratisme, le doctrinaire. L’existence d’un tel tribunal supposerait que les membres s’accordent sur un modèle de fonctionnement de l’économie, ce qui est très dangereux pour la démocratie. Si l’on pouvait comparer les coûts et les « bénéfices » des différents programmes alors on pourrait conduire le débat entre les doctrines.
 
Pour conclure,  Jean-Paul Fitoussi ne peut souscrire à cette politique de l’impuissance selon laquelle le meilleur programme est celui qui coûte le moins. La contrainte budgétaire est intertemporelle. Elle ne peut être jugée de façon statique. Il faut comparer les dépenses présentes au flux de recettes futures. Les chiffrages assortis de modèles, oui, mais à condition que cela soit clairement précisé. Pour l’instant, il n’y que des chiffrages ex ante, sans aucun chiffrage des effets ex post.
 
Selon Nicolas Baverez, ce débat sur les « chiffrages » des programmes est la manifestation de la part des français d’une volonté de changement. En effet, ceux-ci demandent plus de responsabilités et de cohérence aux candidats. Les chiffres ne sont pas forcément l’ennemi de la lettre.
 
Faire une estimation des programmes n’est pas incompatible avec une vision de la France. Politiquement, il y a de plus en plus une exigence de cohérence à l’endroit des candidats car la politique économique et sociale est le cœur des problèmes politiques et économiques de la France. Que les chiffres soient discutés n’est pas gênant, bien au contraire. Mais, après 20 ans de démagogie et de dépenses sans recettes et compte tenu du problème de dette publique de la France, le fait de soumettre les candidats à ce filtre est une bonne chose.
 
Pour Nicolas Baverez,ce que montre l’exemple de Lisbonne, c’est précisément parce qu’il faut investir qu’il faut préciser comment on va s’y prendre. Il y a eu de grandes annonces sans chiffrages et donc six ans après, rien du tout. L’objectif n’est pas zéro dépense. Il est de demander aux candidats une vision, une stratégie de dépense et une stratégie de financement. Pour pouvoir agir, investir, on doit préciser d’où viennent les moyens et comment on va faire.
 
Lui aussi considère que le « rêve » d’Elie Cohen est  impossible. En effet, c’est un rêve de « savant fou » qui s’installerait au dessus de la démocratie. Mais pour lui, ces querelles de chiffres sont excellentes car il n’y a pas de raison que les chiffres soient en dehors du débat. Les visions, les stratégies, les hypothèses sont différentes…, tout cela doit être en débat.
 
Dans une campagne électorale, il y a des points de vue différents qui se discutent. Il n’y a pas de réalité scientifique unique. On est dans un monde wébérien ou des points de vue sont discutés. Comparer les chiffres avec une exigence de cohérence et de réalité fera que cette campagne aura été différente des précédentes. Ce qui aura été dit aura peut-être une chance d’être fait.
 
Enfin, Nicolas Baverez et Jean-Paul Fitoussi sont opposés à l’inscription dans la constitution d’une règle budgétaire. Cela fut rejeté au Etats-Unis au nom de la crédibilité du politique. Et une telle règle n’aurait pas permis aux Etats-Unis de bien gérer la sortie de crise en 2001.
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Jean-Paul FITOUSSI et Xavier Timbeau
viennent d’affiner et d’officialiser
la position de l’OFCE dans la note suivante :
 
- clair & net@ofce -vendredi 23 février 2007
Pourquoi nous ne chiffrerons pas les programmes présidentiels
Manifeste contre une déontologie en rase campagne
 
La campagne pour l’élection présidentielle débute à peine que déjà on interroge les experts pour leur demander d’arrêter les comptes en chiffrant les programmes. Le terme même de « chiffrage » est significatif, sa connotation étant davantage comptable qu’économique.
Ce glissement sémantique ....lire la suite...
 
 
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Source de l’article ci-dessus:
 
Programmes présidentiels quel chiffrage?
 
Des coûts difficiles à évaluer 
 
Xavier Timbeau Economiste à l'OFCE «Le programme de Royal est volontariste»
Libération - François Wenz-Dumas- mardi 13 février 2007
 
Une approche budgétaire qui élude le débat économique
Le Monde Economie 19 02 07
Marie-Béatrice Baudet
 
IDE et Débat 2007, qui émane de l'Institut de l'entreprise, créé par 30 grandes entreprises, dirigé par Michel Pébereau
Institut de l'entreprise
Débat 2007
 
Les Matins par Ali Baddou, du lundi au vendredi de 7h à 9h05  
Emission du mardi 20 février 2007, Nicolas Baverez et Jean-Paul Fitoussi
 
Questions de campagne, c’est un rendez-vous que les Matins vous proposeront régulièrement jusqu’à l’élection présidentielle pour prendre du recul et mettre en perspective les débats qui occupent le devant de la scène politique et médiatique.
 
Nous commençons cette série par le « chiffrage des programmes », un exercice difficile qui suscite la polémique et les interventions d’experts de tous horizons. Jean-Paul Fitoussi est économiste, il préside l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques (OFCE). Nicolas Baverez est historien, économiste, il a publié Que faire ? Agenda 2007 (Perrin). Tous deux apportent leur regard sur la place que doivent tenir les chiffres dans le débat politique. Ils expliquent les enjeux économiques de la campagne présidentielle.
 
Jean-Paul Fitoussi. Economiste, président de l'OFCE. Auteur de L'état de l'Union européenne 2007 : l'Europe des biens publics (Fayard)
 
Nicolas Baverez. Economiste et historien. Auteur de Que faire ? Agenda 2007 (Perrin)

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