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David Mourey

  • : Démocratie Economie et Société
  • : David MOUREY Professeur d'Economie Auteurs de nombreux ouvrages d'économie chez De Boeck Fondateur des « Rencontres économiques » depuis 2005.« Rencontres économiques lycéennes » et « Rencontres économiques citoyennes »à Pontault-Combault depuis 2005 ! Fondateur des« Rencontres économiques » à Paris depuis 2008 !
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Le Livre de la Semaine

 

 

Texte Libre

 

16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 19:29

Sans prétendre à l’exhaustivité, car je fais vite, et sans entrer dans détails qui pourraient se révéler trop techniques, il existe plusieurs explications complémentaires à la baisse de l’euro par rapport au dollar depuis décembre 2009.

Evolution du taux de change Euro-Dollar entre 1999 et juin 2010

 Taux de Change de l'euro 1999 2010

  Pourquoi une telle dépréciation de l'euro relativement au dollar ?

 

     La croissance - durablement -  molle dans la zone euro aujourd’hui, à court terme et dans les 5 années qui viennent, à moyen terme. C’est en tout cas, ce qui est anticipé étant donné la dynamique désinflationniste et même déflationniste induite par le freinage des salaires et de l'inflation sous-jacente, de la montée du chômage, de la sous-utilisation des capacités de production, du désendettement, … Tout cela pèse lourdement sur la demande interne. Et comme la demande externe n’est pas suffisamment au rendez-vous d’une économie assez fermée (grande économie), la croissance reste molle. Cela ne donne pas envie aux investisseurs d’acheter de l’euro pour placer et investir dans la zone euro en achetant des titres libellés en euro.

     La croissance plus forte aux Etats-Unis malgré la fragilité financière (excès d’endettement) des ménages américains (et dans les économies émergentes, d’Asie, d’Amérique du Sud, … L’évolution de la consommation et de l’investissement sera plus forte à court terme aux Etats-Unis et l’évolution de la productivité du travail sera plus forte à long terme. Donc les perspectives de croissance potentielle y sont meilleures.

     La crise des dettes publiques, des dettes souveraines dans quelques pays de la zone euro. Les risques de liquidité (de refinancement) et de solvabilité pèsent sur la volonté des investisseurs de détenir dans leur portefeuille de titres d’actifs en euros. La crise de liquidité intervient par exemple quand la Grèce ne peut plus emprunter pour ne serait-ce que payer les intérêts des dettes passées. La crise de solvabilité apparait quand les créanciers pensent qu’un pays, par exemple l’Espagne ne sera pas capable de faire face à ses engagements futurs compte tenu de la faiblesse durable de sa croissance économique. L’Espagne est supposée ne plus pouvoir plus rembourser sa dette.

     La crainte d’une propagation de la crise des dettes publiques de la zone euro  taux pays dont les dettes publiques sont détenues en dehors d'Europe, ce qui est le cas pour la France et Allemagne. Les incertitudes persistantes sur le succès des programmes de réduction des déficits publics d’ici 2014, …, dans les pays de la zone euro, qui sont  liées au manque de crédibilité de ceux-ci aux yeux des créanciers et investisseurs ; cela retarde d’autant le retour à la normale des marchés des dettes souveraines de la zone euro, c'est-à-dire la détente des taux d’intérêt à verser par les Etats endettés et qui s’endettent.

Le programme annoncé de réduction des déficits publics qui est effectivement mis en  place devrait conduire à un effondrement durable de la croissance économique, rendant d’autant plus difficile la réduction des déficits et des ratios de dette publique en pourcentage du PIB.

     L’amplification des opérations de carry-trade sur l’euro consistant à emprunter à taux très bas en euro dans la zone euro pour investir dans d’autres régions du monde ou la rentabilité financière et la rentabilité économique sont plus élevées.

Celui qui emprunte en euros va ensuite revendre ses euros pour acheter des devises, ce qui augmente l’offre relative d’euros par rapport à la demande d’euros et la demande de devises relativement à l’offre.

 REF Euro en 2019

     Le risque que la BCE décide d’affaiblir l’euro par des interventions de change non stérilisées pour soutenir l’économie de la zone.  

     Le grand programme d’achat de dettes souveraines par la BCE (en tant qu’acheteur d’actifs en dernier ressort) qui doit permettre aux pays en difficulté (Grèce, Portugal, Irlande, Espagne…) de continuer à se financer, alors que les investisseurs privés refusent d’acheter leurs dettes, pendant qu’ils mettent en place un programme de réduction des déficits publics, a pour objectif de  redonner confiance aux investisseurs privés et permettre à ces pays de recommencer à se financer normalement sur les marchés financiers.  

     Mais dans une période de grande méfiance, « la BCE peut être amenée à acheter de grandes quantités des dettes souveraines à risque de la zone euro. La question de la limite à ne pas franchir est posée et on ne peut négliger le risque de déclenchement d’un phénomène de rejet de l’euro dû à la mauvaise qualité des actifs achetés par la Banque Centrale Européenne.

La « qualité de la monnaie » est normalement le reflet de la qualité des actifs détenus par la Banque Centrale ; la monnaie de la banque centrale (billets, réserves des banques) a été créé en échange de l’achat de ces actifs. Si les actifs détenus par la Banque Centrale sont de trop mauvaise qualité, les détenteurs de la monnaie cherchent normalement à s’en débarrasser, ce qui peut provoquer :

− l’inflation s’ils achètent des biens et services pour se débarrasser de la

monnaie, ce n’est clairement pas le cas aujourd’hui

− l’inflation des prix des actifs s’ils achètent des actifs pour se débarrasser de la monnaie ; ce n’est pas non plus le cas en mai 2010 sauf en ce qui concerne l’or

la dépréciation du change, si la monnaie « douteuse » est utilisée pour acheter d’autres devises, il y a effectivement dépréciation de l’euro mais elle peut être due à d’autres causes (ventes de dettes publiques par les non-résidents) »

Patrick ARTUS, Flash Eco du 8 juin 2010.

 

Je reviendrai sur cette question de l’affaiblissement structurel de l’euro dés que j’aurai plus de temps.

 

A consulter :  « DE LA CRISE FINANCIÈRE À LA CRISE ÉCONOMIQUE »

Evolution du taux de change Euro-Dollar entre 1999 et juin 2010

« Le pari risqué de l’Europe » par Charles WYPLOSZ 13 Mai 2010

Zone euro : une croissance encore bien molle et fragile

Prévisions de l'OFCE « Va-t-on sortir de la crise ? »

Jean-Paul BETBEZE : « La BCE veut limiter les dommages collatéraux »

 

Vidéo : ITW Jean-Paul FITOUSSI sur la Zone Euro

Vidéo : Daniel COHEN sur la Zone euro et les Retraites

Vidéo « Comment sortir du dopage monétaire et budgétaire ? » par Mathilde LEMOINE

Vidéo « Economie de l'euro » avec Agnes Benassy-Quéré

 

« Zone euro : le pire est loin d’être sûr » par Eric VERGNAUD

« Quelles stratégies de sortie de crises ? », Grand Débat à Pontault-Combault

Reflexions sur « La Liquidité Incontrôlable » par Patrick ARTUS

Agnès BENASSY-QUERE contre Jason DERULO : Conférence ou Showcase

 

Les politiques budgétaires face à la crise selon la BRI-BIS

Quelle Soutenabilité pour les finances publiques de la Grèce ?

« La Grèce : une tragédie européenne », par Jean-Paul Fitoussi

Dette publique, déficit budgétaire et politique budgétaire

Dette publique, comportements de consommation et d'épargne

Comment mesurer la dette publique ?

 

Tendance à l’appréciation de l’euro

Et si l'appréciation de l'euro se poursuivait ?

L'euro fort et l'hétérogénéité de la zone euro

Appréciation de l'euro et « force » d'une monnaie

Appréciation de l'euro et dépréciation du dollar

Euro Fort : Monnaie forte et/ou Economie forte ?

L'euro : une monnaie de réserve internationale qui s'apprécie

 

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